Les pouvoirs publics veulent booster la transformation locale alors que la production parvient à un niveau record.
La filière anacarde est au centre de toute l’attention des autorités et des industriels en Côte d’ivoire. C’est ce dont témoigne le lancement de plusieurs projets. Parmi les derniers en date, l’ouverture d’une usine de transformation à Toumodi (centre du pays) d’une capacité à terme de 60 000 tonnes de noix brutes par an. Ce site est porté par Dorado Ivory, une filiale du groupe de Singapour Royal Nuts. Il a été inauguré le 8 juillet par le Premier ministre Patrick Achi (photo). Et a nécessité un investissement d’environ 15 millions d’euros.
Dans le même registre, un autre groupe de négoce agricole singapourien Valency a lancé en avril dernier un investissement de 20 millions d’euros dans une future usine située près d’Abidjan qui doit ouvrir en 2023. Le projet de 20 millions d’euros est financé à hauteur de 10 millions d’euros chacun par Norfund le fonds public norvégien de développement et son homologue finlandais Finnfund. Le groupe Olam, lui aussi singapourien possède déjà trois usines dans le pays.
Mettant en œuvre une stratégie initiée dès 2014, le gouvernement ivoirien avait signé en août 2019 une convention avec huit industriels destiné à promouvoir la transformation dans le pays. Les noix brutes ne sont traitées qu’au hauteur de 12 % environ actuellement, l’objectif visé est de parvenir à 50% d’ici à 2030.
Il s’agit d’ajouter de la valeur à cette culture de rente qui est devenue le deuxième produit d’exportation agricole ivoirien derrière le cacao. Selon les données gouvernementales, la cajou a généré plus de 600 millions de dollars de recettes du côté des agriculteurs récoltants en 2021. En 2022, le prix producteur minimum garanti a toutefois chuté pour atteindre le niveau de 305 FCFA/kg (0,46 euro) en début de campagne, les prix constatés étant souvent plus élevés sous l’effet d’une demande forte, notamment en Inde.
Les outils mis en place par les pouvoirs publics pour booster la transformation sont des subventions dédiés aux usines, une structuration de la filière amont chiffrée à 200 millions de dollars sur plus de 5 ans et diverses mesures fiscales ou douanières.
Cette stratégie s’appuie sur une réalité forte: le pays est devenu le premier producteur mondial de cajou. Sa production de noix brute aura doublé en dix ans à peine et elle a approché, en 2021 le million de tonnes, un niveau symbolique qui devrait être dépassé pour la campagne 2022.
Pour rappel, les trois principaux consommateurs au monde sont l’Inde, un pays lui-même producteur mais déficitaire et importe des noix brutes d’Afrique ou d’Asie du sud-est, les Etats-Unis et l’Allemagne. Les premiers pays transformateurs étant l’Inde, le Vietnam et le Brésil.
A noter que d’autres pays d’Afrique de l’ouest se lancent dans la transformation. En Guinée, les autorités avaient ainsi inauguré début 2019 à Kankan la première usine du pays d’une capacité de 10 000 tonnes et portée par la société guinéenne Diaouné Agro Industrie. Un autre projet intégré en amont, est développé dans ce même pays par la coopération américaine et le groupe minier Anglo Gold Ashanti. Plusieurs usines ont également ouvert récemment au Nigeria.