L’économie camerounaise progresse plus vite que l’an dernier, ce qui devrait se confirmer en 2024. Le FMI appelle à une “forte accélération du rythme des réformes” et à l’assainissement des entreprises publiques comme la Sonara alors que Fitch vient de confirmer la note du pays.
Un niveau de croissance un peu plus soutenu dans un contexte international et intérieur toujours incertain : telle se présente la photographie économique du Cameroun, selon le Fonds monétaire international. L’institution de Washington vient, en effet, de réaliser cette mi-mai une quatrième mission de suivi auprès des responsables du pays d’Afrique centrale dans le cadre de son programme de soutien budgétaire.
Après une mission approfondie en début d’année (photo), l’équipe du FMI a, à cette occasion, rencontré notamment le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, le ministre d’État secrétaire général à la Présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, Alamine Ousmane Mey.
A l’issue de cette mission, les experts du Fonds ont confirmé que le Cameroun devrait dépasser 4% de croissance cette année contre 3,4% en 2022. Ceci avec une évolution assez neutre des revenus pétroliers et une bonne dynamique du reste de l’économie en dépit des problèmes sécuritaires dans le Nord du pays.
L’inflation, notamment alimentaire la plus rudement ressentie par la population, devrait passer de 7,3 % fin 2022 à environ 5,9 % fin 2023.
Pour rappel, dans ses “Perspectives économiques 2023”, publiées le 24 mai dernier, la Banque africaine de développement (BAD) table, de son côté, sur une hausse du PIB de 4,2 % du Cameroun. Ce niveau est légèrement au-dessus de la moyenne continentale (4%), mais loin de celui de la RD Congo qui caracole en tête, portée par son secteur minier, avec 8% de croissance en 2023, selon la BAD.
Au Cameroun, selon les anticipations du FMI publiées antérieurement en mars, la croissance est attendue à 4,3% cette année puis 4,4% l’an prochain, ceci pour un PIB nominal estimé à 27 210 milliards de FCFA, soit environ 41,55 milliards d’euros.
Dans ce contexte, comme anticipé en début d’année, le FMI devrait, après approbation formelle de son conseil, décaisser en faveur du Cameroun 74 millions de dollars au mois de juin. Cette tranche s’inscrit dans les programmes dit Facilité élargie de crédit (FEC) et Mécanisme élargi de crédit (MEDC) négociés entre Yaoundé et le FMI en 2021, ce qui portera le total des décaissements à 420 millions de dollars.
Dans un contexte de balance courante déficitaire de 3,2% du PIB en 2023 (après -2,2% en 2022), ce plan de soutien à la sortie de la crise de la Covid-19 est conditionné à une maîtrise des finances publiques et des équilibres extérieurs.
A ce titre, le FMI a fait preuve d’une certaine souplesse en début d’année, car le fonds avait, alors, constaté le non-respect par Yaoundé de certaines des conditionnalités, notamment sur les subventions au prix des carburants, sujet très sensible politiquement, que le pays s’est engagé à réduire.
Dans un contexte de maîtrise budgétaire (1% seulement de déficit public), le FMI dans sa dernière mission pointe toutefois certains progrès réalisés en matière de grands équilibres et réformes dont certaines seront matérialisées, à court terme à l’occasion d’une loi de finances rectificative.
Selon le FMI, “la réalisation des objectifs de la Stratégie nationale de développement pour 2020-30 (SND 30) nécessite une expansion substantielle de l’espace budgétaire pour les dépenses prioritaires, en particulier les infrastructures, tout en maintenant la viabilité de la dette [40% du PIB NDR]. Les points critiques demeurent notamment les impayés de l’Etat envers les acteurs nationaux, l’amélioration du cadre des affaires et surtout une meilleure gestion des entreprises publiques en difficultés structurelles (raffinerie Sonara, Société nationale des hydrocarbures, Camair-co…). A ce titre, le dossier de la Sonara, groupe plombé par de lourdes dettes commerciales et des pertes récurrentes liées notamment à l’incendie de 2019, reste le plus épineux, même si le FMI s’est félicité de son projet de réhabilitation.
A noter que dans ce contexte macroéconomique toujours tendu, l’agence de notation Fitch Ratings vient de confirmer il y a quelques jours sa note B (dette extérieure hautement spéculative) mais avec une perspective stable. Selon Fitch, cette note reflète “une économie relativement diversifiée que sous-tendent une croissance résiliente et un niveau d’endettement public modéré par rapport à ses pairs”. L’agence table comme le FMI sur la poursuite des progrès en matière d’assainissement budgétaire, grâce au contrôle des dépenses et à une meilleure mobilisation des recettes non pétrolières.