Depuis plusieurs mois, l’Afrique du Sud comme de nombreux pays du continent est victime d’incessantes coupures de courant. Tous les soirs, de nombreux habitants sont plongés dans le noir, et cela, pendant plusieurs heures. Les coupures de courant se multiplient, de jour comme de nuit. C’est aussi le cas par exemple au Mali où à Gao, dans le nord du pays, des délestages ont duré plusieurs jours de suite et où dans différentes régions les habitants de plusieurs localités ont manifesté ces derniers mois.
La situation de l’Afrique du Sud n’est certes pas isolée, mais elle est particulièrement pointée du doigt, car il s’agit de la première économie du continent africain. A cause d’un système de production défaillant et d’un surendettement du producteur national d’électricité, le pays est obligé de rationner l’énergie et, avec l’arrivée de l’hiver, faire face à une pénurie d’électricité sans précédent.
Avec ses centrales à charbon vieillissantes, le producteur national d’électricité Eskom ne parvient toujours pas à répondre à la demande de la population. Dans son rapport intitulé, « The State of South African Energy 2023″, l’AEC (African Energy Chamber) indique que malgré la construction récente de deux centrales au charbon supplémentaires, les plus grandes du monde, la situation énergétique ne s’est toujours pas améliorée, au contraire.
Depuis 25 ans, les Sud-Africains attendaient une loi qui permette aux producteurs indépendants de vendre leur électricité aux particuliers, celle-ci est entrée en vigueur depuis le début du mois. Effet immédiat, de nombreux habitants ont fait installer leurs propres panneaux solaires afin de ne plus dépendre de la société nationale. Face à cette explosion du solaire, plusieurs Africains ont même monté leurs petites entreprises d’installation de panneau solaire. Pour la plupart, les ventes sont bonnes, mais face au succès du marché et une grande partie des installations qui proviennent de l’étranger, les importations ont fortement augmenté ces derniers mois.
Le potentiel de l’énergie solaire est incontestable mais l’Afrique du Sud, encore largement dépendante des énergies fossiles, peine à se lancer dans une transition vers les énergies propres. Chaque année pourtant, les rayons du soleil émettent une énergie équivalant à 10 000 fois la consommation de la population mondiale. Selon les chiffres du ministère de l’Énergie, la capacité installée de l’énergie solaire photovoltaïque a augmenté de plus de 3 000 % entre 2011 et 2021. De vastes parcs solaires ont été développés dans des régions clés du pays. Le gigantesque parc photovoltaïque de Jasper, inauguré en octobre 2014, formé de 325000 panneaux solaires, s’étend sur 145 hectares (la superficie de 200 terrains de football) et peut produire jusqu’à 180’000 mégawattheures (MWh) par an, l’équivalent de la consommation d’environ 80000 foyers. C’est actuellement le plus grand parc solaire photovoltaïque du continent africain.
Malgré plusieurs aides du gouvernement mises en place cette année, la solution solaire reste encore hors de portée pour les plus modestes. Pour les économistes, rendre les panneaux solaires plus accessibles serait possible avec des mesures prises, telles que la réduction de la TVA. De son côté, en début d’année, le président Cyril Ramaphosa avait annoncé qu’il serait bientôt possible pour les particuliers de revendre à Eskom leur surplus d’énergie tout en déclarant l’état de catastrophe nationale afin de débloquer des fonds exceptionnels. En attendant, il y a quelques jours, alors qu’elle prévoyait une croissance de 0,3 % du PIB sud-africain, la banque JPMorgan a indiqué que le pays verra son économie se contracter de 0,2 %, en raison de prévisions de coupures d’électricité plus importantes.