Début novembre, un oléoduc géant capable d’acheminer du pétrole du sud-est du Niger jusqu’au Bénin a été mis en service. Grâce à ce pipeline, d’un coût total de 6 milliards de dollars, et long de près de 2 000 kilomètres, le pays pourra écouler pour la première fois son brut sur le marché international alors que les frontières entre le Niger et le Bénin (deux partenaires économiques importants) sont fermées par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2022.
Lancé en 2019, après un investissement du gouvernement nigérien de 2,3 milliards de dollars, le chantier, piloté par TotalEnergies et West African Oil Pipeline Company, était censé s’achever en 2022 mais la pandémie de Covid-19 l’a ralenti. L’or noir en circulation dans cet oléoduc chauffé, le plus grand d’Afrique, est extrait par la China National Petroleum Corporation (CNPC). Le port de Sèmè, situé au Bénin voisin, sera le point de départ des exportations.
Ce projet est largement dénoncé par des ONG et défenseurs de l’environnement qui mettent en avant son impact sur les habitants, la faune et la flore. TotalEnergies a d’ailleurs été assigné en justice par plusieurs groupes environnementaux en France. Malgré cette opposition et l’ensemble des sanctions qui lui sont imposées, le gouvernement nigérien se montre déterminé à exploiter pleinement cet oléoduc, qui doit également avoir un fort impact social et entraîner la réalisation de plusieurs infrastructures routières et sociales.
Petit producteur de pétrole avec ses gisements dans le sud-est du pays depuis 2011, le Niger prépare donc son entrée dans la cour des grands producteurs d’or noir en Afrique de l’Ouest. Les réserves pétrolières officielles du Niger sont en effet estimées à environ deux milliards de barils, avec une projection de production de 200 000 barils par jour d’ici 2026. L’année dernière, les autorités nigériennes estimaient que les exportations devraient « générer le quart du PIB du pays et à peu près 50 % des recettes fiscales ».