Si la Géorgie et l’Azerbaïdjan sont géographiquement proches ils sont très éloignés dans leur développement économique. L’un plutôt ouvert sur l’extérieur, l’autre plutôt pragmatique. Ils font partie des grands oubliés du commerce extérieur français et pourtant ils séduisent aussi bien des entreprises pétrolières que des nomades numériques.
Le Caucase, située au carrefour du Moyen-Orient, de l’Europe et de l’Asie, nichée entre la Mer Noire et la Mer Caspienne, est en partie née de l’éclatement du bloc soviétique. Nichée entre la Turquie, l’Iran et la Russie la région cherche aujourd’hui à attirer les investisseurs étrangers. La main d’œuvre y est économique et le cout du transport faible. En dehors de ces points communs des différences notables opposent la Géorgie et l’Azerbaïdjan.
Géorgie : une destination touristique majeure dans la région
En 2019, ce ne sont pas moins de neuf millions de touristes qui ont sillonné les routes de Géorgie. Une manne financière non négligeable pour un pays de quatre millions d’habitants. Résultat, le secteur touristique représente désormais 26% du PIB Géorgien. L’ouverture de Tbilissi sur le monde et la signature de nombreux accords commerciaux ont participé à ce tourisme de masse et à un fort développement économique. Ludovic Girod, directeur chez Experto Consulting, résume : « la Géorgie a des accords de libre-échange avec pratiquement tout le monde ». Une dynamique intéressante mais qui fait que le pays souffre depuis deux ans de la crise du Covid-19 car le confinement mondial a porté un coup d’arrêt à cette dynamique en 2020. Le secteur HORECA a été fortement impacté mais s’est avéré résiliant et une assez bonne reprise a été constatée en 2021.
Depuis quelques années, une nouvelle tendance s’installe en Géorgie. Le pays séduit de plus en plus les « digital nomad », des nomades numériques qui sont des entrepreneurs gérant leur activité professionnelle en ligne. Tbilissi attire de plus en plus cette communauté de travailleurs free-lance étrangers car elle promet un rapport qualité de vie / cout de la vie très favorable. Grâce au programme « remotely from Gerogia », Tbilissi était classée deuxième destination la plus confortable pour travailler à distance sur les 50 villes mondiales les plus confortables selon le portail international pour les voyageurs Big7.
L’agroalimentaire, une valeur sûre en Géorgie
A l’inverse, le secteur de l’agroalimentaire a été peu impacté par la pandémie à l’image du succès de Lactalis qui a racheté le principal fabricant local de produits laitiers. D’autres, comme Ferrero Rocher y ont trouvé un intérêt car le pays est le troisième exportateur mondial de noisettes, après la Turquie et l’Azerbaïdjan. La Géorgie joue sur ses particularités pour attirer dans les secteurs de niche notamment dans le secteur de la viticulture et des fruits et légumes. Le pays exporte son vin et ses noisettes. « Tous les projets que nous avons eu avec la Géorgie étaient des projets aux besoins d’une structure locale, ou de rachat de sous-traitants dans une niche. » confie Ludovic Girod.
L’Azerbaïdjan ou la dépendance à l’industrie pétrolière
L’Azerbaïdjan dépend encore beaucoup de ses secteurs pétroliers et gaziers. Le pays aux dix millions d’habitants dispose des 20èmes réserves mondiales prouvées de pétrole et des 25èmes réserves mondiales prouvées de gaz. L’activité liée aux hydrocarbures représente 36% du PIB azéri et 90% des recettes des exportations. Extrêmement dépendante des cours du brut, l’économie azérie se porte bien depuis le rebond du prix des hydrocarbures (troisième trimestre 2021).
En dehors du secteur Oil and Gas, Bakou attire des entreprises présentes dans d’autres secteurs. « On travaille très bien avec le secteur du luxe, ou des équipements agro-agri. L’Azerbaïdjan est un marché en forte croissance notamment dans le secteur de la cosmétique et de la parapharmacie qui connait une vraie dynamique ».
« S’implanter en Géorgie c’est aussi simple qu’en Belgique »
Les gouvernements Géorgiens et Azéris ont tous deux mis en place des structures pour accroitre le potentiel d’exportations et soutenir la création de nouvelles entreprises. C’est le cas de Entreprise Georgia, qui aide à l’implantation, ou d’Azpromo qui fait « aussi bien de l’aide à l’export, de l’aide à l’implantation et de la recherche d’investisseurs étrangers ». Les deux pays font partie du partenariat oriental (Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan, Ukraine, Biélorussie et Moldavie).
Et cela se traduit dans la facilité d’implantation d’une entreprise étrangère. A l’instar de l’Ukraine, s’implanter en Géorgie est relativement simple. « En général l’enregistrement d’une société se fait en une journée à un coût très réduit. C’est un pays plutôt pro-européen qui n’impose pas de droits de douane, ni de barrières à l’entrée ni de licence. » résume Ludovic Girod. « Exporter ses produits vers la Géorgie est aussi simple. Une entreprise que j’accompagnais m’a un jour dit ‘mais c’est aussi simple qu’avec la Belgique !’ » se rappelle-t-il. A travers l’intégration de nombreux accords internationaux, Tbilissi a ainsi su développer un environnement propice aux affaires.
S’implanter en Azerbaïdjan est aussi possible même si le pays est plus éloigné culturellement de l’Europe et un peu plus fermé et compliqué que la Géorgie. Au cours des dernières années, l’Azerbaïdjan a renforcé des relations déjà fortes avec la Turquie et a gardé de très bonnes relations avec la Géorgie défend Ludovic Girod.