C’est une épidémie ! La zone du sahel est décidemment sujette à de fortes turbulences. Après le Tchad, le Mali et son double coup d’état, la Guinée, c’est le Burkina qui renverse son Président et qui inquiète la communauté internationale dans une déjà zone très fragilisée ou les équilibres sont précaires. Pourtant cela n’a fait la une d’aucun journal français ! Ils devraient… Car cela va impacter durablement la politique et la position de la France dans la zone.
Déjà depuis plusieurs mois les signaux d’alertes ont été activés. Dans la communauté française, on a déjà réduit la voilure et rapatrié ce qui n’était pas essentiel. Les familles d’expatriés se sont protégées, les grandes entreprises ont pris des mesures d’urgence.
On était déjà il y a 3 mois dans une position d’attente d’un évènement grave.
La raison : la montée de l’insécurité, le sentiment de perte d’identité et d’autorité de l’état, la monté d’un islamisme radical qui bafoue tous les jours les institutions. Tous les ingrédients sont là alors que le pays a connu une forte croissance économique ces dernières années. Plus de 400 militaires sont mort sous la présidence Kaboré, plus 1 millions de civils ont fui l’avancée des djihadistes. Dans un pays aux multiples frontières, extrêmement difficile à défendre le président « normal » Kaboré n’a pas su prendre la mesure du délitement de son pays et a surfé idéologiquement sur sa transition démocratique exemplaire. Résultat : il a été renversé par un groupe dirigé par un lieutenant-colonel aussi opportuniste qu’obscur, qui, à la tête d’un tout petit groupe armé, à fait tomber un Président démocratiquement élu, avec une résistance presque ridicule.
La première leçon de ces évènements est la faiblesse d’une démocratie en temps de guerre. Seuls les pouvoirs autoritaires arrivent à survivre quand le bruit des armes se fait entendre. La lenteur du processus, le partage de la décision dans un état faible, car non structuré, engendre sa chute. Au Tchad, c’est la mort du chef qui a engendré une succession douteuse mais stable. Au Mali, on est entré dans un délire idéologique de punition plutôt que de compromis, dont personne ne sait trop comment en sortir sans perdre la face. Au Burkina, une pichenette à suffi pour renverser le Président ! C’est la porte ouverte à tous les excès, car les juntes au pouvoir sont totalement inexpérimentées. Heureusement se sont des militaires ! Il va falloir à Emmanuel Macron, nouveau Président de l’Union Européenne, sacrément s’adapter à l’aube de son sommet UE-Afrique du mois de février.
Est-ce une mauvaise chose au final ? Pas si sûr, voir même l’inverse car la guerre est l’affaire des militaires, et que la zone a besoin d’un retour à une stabilité. Les militaires vont-ils pouvoir l’apporter ? C’est la question. Au Mali ce sont les soldats de la force internationale qui sont aux premières loges quand l’armée régulière se protège.
Pour le business régulier et les investissements, il va falloir attendre quelques mois et faire le gros dos. Pour la France, c’est un coup dur, tous ces dirigeants qui sont tombés ont été formés en France et avaient de solides amitiés françaises. Pour ces nouveaux militaires adeptes d’un nationalisme réaliste on est très loin de leurs préoccupations.
Tout cela va se calmer, mais par pitié ne rentrons pas dans des positions dogmatiques sur des principes politiques qui n’ont pas fait leurs preuves sur le continent, et soyons l’ami patient, au côté du peuple africain dans sa diversité et sa complexité.
Il est beaucoup trop tôt pour dire que cela va avoir des conséquences sur le business courant. Le Burkina, enclavé, sans accès à la mer, est totalement dépendant de ses approvisionnements. Donc cela va passer …
Pour les investissements il va falloir attendre qu’une visibilité se fasse … en même temps que des opportunités.
Si le process est condamnable, le fondement ne peut être écarté d’un revers de main.