L’Organisation des Nations unies (ONU) a lancé cette semaine le processus vers un traité « historique » pour lutter contre la pollution plastique. Les représentants de 175 pays, réunis au sein de l’Assemblée pour l’environnement de l’ONU (ANUE), plus haute instance internationale sur ces sujets, réunis à Nairobi la capitale kényane, ont adopté une motion qui va créer un « comité intergouvernemental de négociation » chargé d’élaborer un texte « juridiquement contraignant » d’ici 2024.
« Aujourd’hui, nous écrivons l’histoire. Vous pouvez être fiers », a déclaré Espen Barth Eide qui présidait cette cinquième ANUE.
Le monde produit en effet aujourd’hui deux fois plus de déchets plastiques qu’il y a vingt ans. Quelque 300 millions de tonnes de déchets plastiques sont produites chaque année dans le monde, 22% sont abandonnées dans des décharges sauvages, brûlées à ciel ouvert ou rejetés dans l’environnement (11 millions finissent dans les océans).
L’Afrique, qui réceptionne déjà des produits toxiques au rebut venus d’ailleurs ne souhaite, en aucun cas, devenir « la poubelle du monde » des déchets plastiques. «La pollution plastique s’est développée au point de devenir, elle aussi, une véritable épidémie», indique Espen Barth Eide. Greenpeace Afrique parle de « bombe à retardement mortelle ».
Pour faire face à une double conséquence en matière de pollution et de climat « il sera primordial que les pays répondent par des solutions mondiales et coordonnées, » avait prévenu Mathias Cormann, le patron de l’OCDE.
L’ONU a donc adopté le principe d’un traité international créant un « comité intergouvernemental de négociation » chargé d’élaborer un texte « juridiquement contraignant ». Le comité devra débuter ses travaux au second semestre 2022, après une première réunion préparatoire, avec « l’ambition d’achever ses travaux pour la fin 2024 ». Le texte pourra aussi prévoir des plans nationaux de lutte, tout en prenant en compte les « circonstances » spécifiques des différents pays mais aussi d’élaborer des mécanismes de contrôle ainsi que des financements pour les pays pauvres. Le texte recommandera en outre « d’encourager l’action de toutes les parties prenantes, y compris le secteur privé », dans un secteur qui pèse des milliards.
Il s’agirait donc d’une avancée qualifiée « d’historique » pour lutter efficacement face à la « triple crise » qui menace le monde : changement climatique, effondrement de la biodiversité et pollution. « Vous allez faire ce pas crucial pour renverser la vague de la pollution plastique » indiquait Inger Andersen, directrice exécutive de l’agence de l’ONU sur l’environnement (UNEP) en parlant du traité qui serait, selon elle, « la principale avancée en matière d’environnement depuis l’accord de Paris de lutte contre le réchauffement climatique en 2015 ».