Après un démarrage difficile en 2021 à cause de la crise, la Turquie a réussi à regagner du terrain sur le plan économique. Son bilan de fin d’année affiche un PIB qui s’élève à 715 milliards de dollars mais la situation économique du pays pourrait très vite basculer à cause de la guerre en Ukraine.
Durant cette crise sanitaire, la Turquie a su garder la tête hors de l’eau. C’est l’un des rares pays (avec la Chine) à avoir échappé à une récession en 2020 parmi les pays du G20. Elle est également l’une des 26 économies au monde, sur 193 pays, à avoir affiché une croissance en 2020.
Sur les 10 premiers mois de l’année 2021, les exportations et les importations de la Turquie ont augmenté respectivement de 33,9% et de 22,5% , réduisant ainsi le déficit commercial de 15,9% sur cette période à 33,9 milliards de dollars. Cette croissance économique considérable de la Turquie est la plus forte des pays de l’OCDE. Au 2ème trimestre 2021, la Turquie figurait parmi les trois pays à la croissance la plus rapide au monde. Ces résultats surgissent après la création d’un mécanisme d’épargne permettant de lier la valeur de certains dépôts bancaires en livre turc.
« C’est un système avec des tranches de 3 mois qui incite la population turque à placer leur or ou devises (dollars ou euros) en livre turc avec un taux de placement. Si au bout de 3 mois la valeur de l’or ou de la devise augmente, le gouvernement paie la différence en plus de garantir la perte de dépréciation » explique Ilker ONUR, fondateur d’Advantis Conseils Turquie.
L’économie turque rayonne grâce à l’exportation
Ce programme mis en place par le gouvernement a permis aux particuliers et aux entreprises de booster l’économie de la Turquie. Cependant, il n’est pas le seul accélérateur de croissance du pays, le commerce extérieur a également contribué à cette embellie. Aujourd’hui, la croissance 2021 a été poussée par les exportations et la consommation des ménages. Ilker ONUR précise que : « la part d’export de l’UE est de 40% à peu près. Les grands clients de la Turquie sont l’Allemagne, les Etats-Unis, l’Angleterre, l’Irak et l’Italie. En 2021, ses gros fournisseurs étaient la Russie, la Chine, l’Allemagne, les Etats-Unis et l’Italie. Les 3 plus gros secteurs exportateurs sont l’automobile avec 29, 3 milliards de dollars, les produits chimiques avec 25,3 milliards de dollars, 22, 4 milliards avec le secteur métallurgique ».
Le pays a une croissance assez forte sauf en tant de crise de politique interne et tout cela est entretenu par les mécanismes d’adaptation pratiqués dans le pays. C’est pour cette raison que la « Turquie n’est jamais tombé depuis 2002 comme la Grèce ou l’Italie. Il y a aussi une certaine résilience et une confiance en la Turquie qui poussent les entreprises à s’adapter pour maintenir l’économie du pays. Ces derniers tiennent compte des réalités du terrain : crise, inflation etc… En 2020 par exemple, les entreprises ont été réactifs et pro-actifs, il y a eu plus de création d’entreprise que de faillite. »
Un risque d’inflation plus élevé à prévoir
Depuis quelques mois, en Turquie, le niveau d’inflation a atteint son paroxysme. La hausse des prix à la consommation est de 48,69% sur un an en janvier. Ce chiffre, dû à l’effondrement de la livre turque en 2021, est actuellement en train de se stabiliser grâce au programme mis en place par le gouvernement et l’adaptation des entreprises, mais Ikler ONUR alerte sur une possible dégradation de la situation. Avec cette guerre Ukraine- Russie, l’inflation risque d’augmenter. M. ONUR pense que « 2022 ne sera pas aussi croissante que 2021 car la Turquie importe beaucoup de matières premières de ces deux pays. Cette guerre entrainera sans doute l’augmentation des prix en Turquie et les premières conséquences se verront à partir de Mai.»