Ce weekend, à l’occasion du 26e sommet des chefs d’État du Commonwealth, organisé à Kigali au Rwanda, le Gabon et le Togo viennent officiellement d’intégrer la communauté anglophone au sein de l’organisation intergouvernementale du Commonwealth.
Si le Togo a été marqué par une colonisation britannique, le Gabon n’a pas de lien historique avec le Commonwealth. Au-delà des considérations politiques et culturelles, ces deux pays francophones espèrent bénéficier de retombées économiques. Le modèle du Rwanda, qui a connu un bel essor économique depuis son adhésion au Commonwealth en 2009 a en effet motivé ces deux pays francophones.
Les deux pays cherchent à adhérer au club anglophone depuis une décennie. Le président gabonais Ali Bongo a même, depuis quelques années, tenté d’imposer l’enseignement de l’anglais dès le primaire. En début d’année, il annonçait un “tournant géopolitique majeur par la nécessité d’appartenir à un autre espace multiculturel dans un monde globalisé” pour appuyer sa demande.
Intégrer cette communauté anglophone de 2,5 milliards d’habitants, composée de 54 pays, n’implique pas d’avantage commercial en tant que tel, mais permet d’attirer de nouveaux investisseurs. Malgré l’absence de facilités douanières, la langue anglaise permettra aux deux états francophones de toucher d’autres marchés. Le Togo, lui, affirme clairement vouloir “la reconnaissance internationale d’un renouveau historico-politique”. Cela pourrait également faire changer les rapports avec les deux nouveaux pays membres.
Même si le Gabon et le Togo réaffirment leur appartenance à la francophonie, leur entrée dans le Commonwealth est une promesse de relations diplomatiques plus diversifiées, cela alors que les liens du Gabon avec la France ont été dégradées par les affaires judiciaires des « biens mal acquis ».
La force du Commonwealth réside dans l’absence de toute tutelle politique et administrative, et de liens économiques préférentiels. Sa charte se réduit à un engagement en faveur de la démocratie et l’état de droit. Cette intégration représente une reconnaissance politique pour ces deux pays, longtemps critiquées pour leur pouvoir autoritaire, le Commonwealth ayant accepté après avoir mené plusieurs missions sur le terrain pour observer notamment l’évolution des institutions.
Ces deux adhésions sont avant tout symboliques pour l’analyste politique ivoirien Sylvain N’guessan. Selon lui “aucune colonie francophone n’a pu se développer jusqu’à présent, contrairement aux pays anglo-saxons, qui ont pu un tant soit peu prendre leur envol”.