Une hausse de 11,5% des engagements en 2021, un 52è pays actionnaire, une multiplication tout azimut des projets dont une possible banque du pétrole… Afreximbank a le vent en poupe.
Vouée au soutien des échanges commerciaux sur le continent, African Export-Import Bank ou Afreximbank, la banque multilatérale panafricaine, vient, en juin, de boucler son assemblée générale annuelle au Caire, son siège. Ce après deux années d’interruption liés à la covid-19. L’occasion de mesurer l’activité forcenée de l’institution financière sous l’impulsion de son président, le Nigérian Benedict Oramah en poste depuis 2015.
L’an dernier, la banque a ainsi vu ses crédits progresser de 11,5% pour un produit net bancaire de 1,079 milliard de dollars en hausse de 5,1%. Quant à son total de bilan, il a fait un bond de 13.4% à 21,89 milliards de dollars, sans sacrifier des profits nets en hausse de 6,9% à 375 millions de dollars.
En attendant un probable impact sur les comptes de la crise mondiale et de l’inflation, ces indicateurs dynamiques avaient été confirmés au premier trimestre avec, par exemple, une hausse en glissement annuel des nouveaux prêts et avances de 12%. Un dynamisme salué par l’agence de rating Fitch qui a décidé le 23 juin dernier de relever la notation (BBB- à BBB) de l’institution financière panafricaine.
Alors que l’Algérie est mi-juin devenu le 52 pays africain actionnaire de la banque créée en 1993, Benedict Oramah a réaffirmé lors de l’assemblée générale sa volonté de faire d’Afreximbank le grand instrument financier de la Zone de libre-échange africaine (Zlecaf). En témoigne, par exemple, une facilité de crédit de 150 millions de dollars consentie mi-juin au groupe First Bank of Nigeria pour soutenir les opérations commerciales de PME nigérianes.
Vers une banque africaine du pétrole
Au delà, comme l’indique une de ses communications récentes, Afreximbank surfe sur « l’accroissement du nombre de mandats clés confiés à notre banque par l’Union africaine, comme la réponse à la covid 19 [opération d’achat de 400 millions de doses de vaccin NDR] ou plus récemment le soutien à l’approvisionnement en céréales et engrais dans le contexte du conflit Russe-Ukraine ».
De fait, l’acceptation par Afreximbank de ses missions s’avère de plus en plus large. La banque va par exemple devenir l’une des partenaires financiers d’Arise IIP, un important opérateur qui développe des parcs industriels au Gabon (GSEZ) au Togo, au Bénin et bientôt au Congo.
Pour renforcer ses moyens d’actions Afreximbank poursuit aussi, pour rappel, une augmentation de capital de 6,5 milliards de dollars. Lancée en octobre 2021, cette opération, déjà réalisée à hauteur de 2,5 milliards de dollars, s’étalera jusque fin 2023. Au-delà des Etats membres, Afreximbank entend, à cette occasion, renforcer la part de ses actionnaires privés, à l’image de la banque égyptienne Misr. Celle-ci a, en effet, injecté 80,5 millions de dollars en fonds propres en février dernier dans Afreximbank devenant ainsi son plus important actionnaire non étatique.
A noter enfin qu’Afreximbank a signé le 17 mai dernier un important MOU avec l’Organisation des producteurs de pétrole africains, basée à Brazzaville. Dans un contexte de retrait général d’Afrique des grandes banques occidentales du financement des hydrocarbures (exploration ou production), les deux institutions entendent travailler conjointement à la création d’une future grande banque africaine du pétrole et du gaz pour aider au développement de nouveaux projets sur le continent.