La Banque africaine de développement (BAD) a publié récemment son classement des économies les plus industrialisées d’Afrique (IIA) basé sur des données collectées depuis 2010 dans 52 pays du continent à l’exception du Soudan du Sud et de la Somalie. Pour réaliser ce rapport, la BAD s’est basée sur 19 indicateurs ( performances manufacturières, capital, main-d’œuvre, environnement des affaires, infrastructure, stabilité macroéconomique… ).
Selon cette étude 2022, 37 pays africains ont progressé sur la voie de l’industrialisation durant la décennie écoulée. Même si le continent possède une grande richesse en matières premières, il reste peu industrialisé et est relativement absent du commerce mondial ( la part de l’Afrique ne dépasse pas les 4 % sur ce marché ).
Au classement, l’Afrique du Sud reste le pays le plus industrialisé du continent tout au long de la période 2010-2021. Le Maroc occupe le deuxième rang suivi de l’Égypte, la Tunisie et Maurice. Le top 3 des économies les moins industrialisées du continent est composé de la Gambie, du Burundi, et de la Guinée-Bissau.
Les progrès les plus importants en terme d’industrialisation ont été faits au Bénin, en Éthiopie, en Érythrée, ou au Gabon. Tous ont gagné au moins cinq places durant la période 2010-2019. En ce qui concerne les performances par région, c’est l’Afrique du Nord qui domine, trois de ses pays font partie du top 10. Elle est suivie par l’Afrique australe, l’Afrique centrale, puis par l’Afrique de l’Ouest et de l’Est.
À travers ce classement, les pays les plus performants ne sont pas forcément ceux dont l’économie est la plus importante, ce sont plutôt ceux qui réalisent la plus forte valeur ajoutée manufacturière par habitant.
En Afrique, à la lecture du rapport, plusieurs conditions sont réunies pour le développement de l’industrie sur le continent (stabilité, forte proportion des jeunes dans la population, la hausse des investissements…), mais de nombreux obstacles restent encore à surmonter (l’insuffisance des infrastructures, l’accès au financement, l’amélioration du climat des affaires et la formation des travailleurs) pour pouvoir étendre l’industrialisation sur tout le continent.
Aujourd’hui trop d’économies africaines restent tributaires de produits de base non transformés, ce qui les rend vulnérables aux fluctuations de la demande mondiale. Dans son rapport 2022 la BAD indique donc « Face aux différentes crises (COVID, guerre en Ukraine, etc…) , et dans le contexte plus large du changement climatique, qui exhorte les pays africains à renforcer leur capacité de résilience, un consensus émerge selon lequel les gouvernements africains doivent promouvoir plus activement le développement industriel, non seulement en créant les conditions favorables à l’industrialisation – l’équipement en infrastructures, la qualification de la main-d’œuvre et l’amélioration du climat d’investissement – mais aussi en identifiant et en soutenant les industries naissantes. »