Le groupe français vient d’emporter en Tunisie la concession du traitement des eaux usées de près d’un million d’habitants, un marché de 200 millions d’euros. Il prévoit, pour partie, l’utilisation de l’eau recyclée en agriculture.
Après le Sénégal ou le Maroc, Suez vient de gagner une belle référence sur le continent africain. Le groupe français dirigé par Sabrina Soussan a signé de manière définitive le 25 avril dernier avec l’Office National de l’Assainissement de la Tunisie (ONAS) un important partenariat public-privé dans le domaine du traitement des eaux usées d’une valeur de 200 millions d’euros sur dix ans. Une manière de se relancer après la douloureuse cession des activités internationales (hors Afrique) de Suez à Veolia en 2022.
Ce contrat de concession porte sur l’exploitation du service public de l’assainissement collectif des gouvernorats de Sfax, Gabès, Médenine et Tataouine dans le sud du pays. Il s’agit du premier PPP du genre dans l’eau pour la Tunisie. Le projet entre dans le cadre d’une stratégie de l’Etat de déléguer progressivement au privé une partie des activités dans les eaux usées de l’Onas qui gère aujourd’hui plus de 17 000 km de réseau de collecte et 122 stations d’épuration. La région du Grand Tunis fait à ce titre également l’objet d’un projet de PPP (250 000 habitants) dans l’assainissement.
Ces partenaires avaient emporté le projet, à titre provisoire, en septembre 2022. Définitivement acté, il devrait entrer en vigueur sous peu.
Hormis la gestion des installations existantes, le contrat de concession prévoit d’importants travaux de modernisation et d’extension du réseau d’eaux usées et des installations de traitement desservant 960 000 habitants.
Ce programme sera financé, précise Suez, « d’une part par la Banque Mondiale, s’agissant des travaux de réhabilitation et d’extension des infrastructures, et d’autre part par l’Etat tunisien, pour l’exploitation et la maintenance de ces infrastructures ».
Pour une capacité totale de 39 millions de m3 par an, les installations existantes comprennent 14 stations d’épuration, 106 stations de pompage et 1 900 km de réseau d’assainissement. Avec des travaux complémentaires sur les installations de traitement d’eau, le PPP prévoit la réutilisation des eaux usées pour l’agriculture, « grâce à l’emploi de procédés tertiaires de traitement de l’eau tels que les UV et l’élimination du phosphore », selon Suez.
En Afrique dans le domaine de l’eau, le groupe français est présent, de longue date, surtout à travers la construction d’usines d’eau potable ou d’assainissement (ex-Degremont). Mais il a également quelques contrats d’exploitation dans les eaux usées notamment à Alexandrie en Egypte (photo) avec Arab Contractors.
A travers son importante filiale Lydec, le groupe conduit par Sabrina Soussan gérait, par ailleurs, la distribution de l’eau du Grand Casablanca, mais les autorités marocaines empêchent à ce stade sa rétrocession à Suez par le groupe Veolia. En 2019, Suez avait ravi à Eranove la gestion de l’eau potable de Dakar et sa région (ex-SDE), un des plus importants PPP dans l’eau potable du continent africain.