Dans un paysage énergétique en pleine transformation, l’hydrogène vert émerge comme une solution cruciale pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et accélérer la transition vers des sources d’énergie plus durables. Un rapport réalisé par le cabinet d’audit et de conseil Deloitte met en lumière le rôle prépondérant que l’Afrique du Nord pourrait jouer dans cette révolution énergétique.
L’Afrique du Nord se positionne comme une région stratégique pour l’exportation d’hydrogène vert. Son potentiel d’exportation (44 millions de tonnes), au regard de ses abondantes ressources énergétiques renouvelables, de sa faible demande intérieure et de sa proximité géographique avec le marché européen devrait en faire un acteur de premier plan. Le rapport de Deloitte souligne que l’hydrogène vert est en passe de devenir un pilier majeur de l’économie mondiale, avec un marché potentiel de 1 400 milliards de dollars par an d’ici quelques années.
Selon les prévisions du rapport, l’hydrogène vert pourrait générer plus de 280 milliards de dollars de recettes d’exportation en 2050. Parmi les principaux acteurs de cette croissance, l’Afrique du Nord se démarque en tant que leader potentiel, avec une projection de recettes atteignant les 110 milliards de dollars par an. D’autres régions, telles que l’Amérique du Nord, l’Australie et le Moyen-Orient, sont également positionnées comme des contributeurs significatifs à ce commerce international d’hydrogène propre.
L’une des principales motivations derrière cette transition vers l’hydrogène vert est de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de répondre aux engagements climatiques mondiaux. Les industries fortement émettrices et dont les émissions sont les plus difficiles à réduire au monde, telles que la pétrochimie, la sidérurgie, le ciment et les engrais, pourraient bénéficier de cette source d’énergie alternative pour décarboner leurs opérations. De plus, les transports lourds, comme l’aviation et le maritime, pourraient également bénéficier de l’hydrogène vert en remplacement des énergies fossiles, offrant ainsi des solutions de mobilité plus durables.
La transition vers une économie de l’hydrogène vert n’est pas sans coût, mais les investissements nécessaires sont justifiés par les avantages à long terme en matière de développement durable et de réduction des émissions. Selon le même rapport, les investissements nécessaires pour atteindre une capacité de production annuelle de 600 millions de tonnes d’hydrogène propre d’ici 2050 pourraient s’élever à plus de 9 000 milliards de dollars à l’échelle mondiale. Ces investissements permettront de créer des opportunités d’emploi et de développement économique dans les régions où ces projets seront mis en œuvre. Pour le cabinet Deloitte les gouvernements et les entreprises devraient envisager de réorienter leurs dépenses pétrolières et gazières vers l’hydrogène. La production de l’hydrogène bas carbone devrait être quatre fois moins chère en Afrique du Nord qu’en Europe, en raison notamment de l’important potentiel solaire de cette région du continent africain.
Face à cette concurrence qui s’amorce différents projets voient le jour. C’est notamment le cas du projet HOPE (Hydrogen Offshore Production Experiment), retenu par la Commission Européenne dans le cadre du partenariat européen pour l’hydrogène propre et coordonné par la société Lhyfe. Ce pionnier mondial de la production d’hydrogène vert et renouvelable, a déjà annoncé que sa plateforme pilote de production d’hydrogène offshore, « Sealhyfe », a été remorquée à environ 20 km au large du littoral atlantique et raccordée au hub électrique du SEM-REV, avec succès. Depuis cet été, elle a commencé à produire ses premiers kilos d’hydrogène offshore, un jalon décisif pour l’avenir de la filière. En visant une capacité de production de 10 MW, HOPE devrait pouvoir produire jusqu’à 4 tonnes d’hydrogène vert par jour en mer dès 2026, contribuant ainsi à l’objectif de l’UE de produire 10 millions de tonnes d’hydrogène propre d’ici 2030.
Grâce à l’hydrogène vert, la transition mondiale vers des sources d’énergie plus durables est en bonne voie. Ce marché émergent devrait contribuer à remodeler la carte énergétique mondiale d’ici la fin de la décennie.