D’ici vingt ans, le transport aérien en Afrique connaîtra l’une des plus fortes croissances au monde. Hormis plus d’un millier de nouveaux appareils, le secteur aura aussi besoin de 21 000 pilotes supplémentaires.
Finie la crise historique de la Covid pour le ciel africain ? Pas tout à fait. Selon IATA, le trafic cumulé de ce premier semestre affichait encore un recul de 9,4% sur celui de 2019, année de référence. Mais à moyen terme, le secteur aérien continental, ses compagnies vedettes comme Ethiopian, Egyptair ou Royal Air Maroc ou même les opérateurs plus modestes est promis à une belle envolée, si l’on en croit Boeing.
Dans le cadre de la publication de ses Perspectives du marché commercial (CMO) mondial à horizon 2042, l’avionneur américain vient en effet de livrer ses prévisions pour l’Afrique. A ce titre, le groupe américain estime que la flotte d’avions commerciaux de l’Afrique (passagers et fret) va plus que doubler pour atteindre 1 550 appareils d’ici 2042. C’est la conséquence de la forte hausse attendue du trafic. Selon Boeing, au cours des vingt prochaines années, le trafic de passagers intra-africain va plus que quadrupler : « la croissance globale du trafic aérien africain devrait atteindre 7,4 % [par an], la troisième plus élevée parmi les régions du monde et supérieure à la croissance moyenne mondiale de 6,1 %‘ ». Bonne nouvelle pour Boeing son concurrent Airbus, et quelques autres comme Embraer, cette envolée devrait générer une demande de 1 025 nouveaux avions sur le continent. Un chiffre à comparer à l’estimation de la demande globale de nouveaux appareils chiffrée par Boeing à 42 595 unités sur vingt ans, dont 8 560 pour la seule Chine, premier marché au monde.
Pour sa part Airbus, dans des prévisions publiées en juin, a livré une estimation de la demande mondiale, d’ici à 2042, sensiblement inférieure à celle de Boeing, à savoir 40 850 avions, mais supérieure concernant le continent. Les compagnies africaines, estime l’avionneur européen, devraient commander 1 180 nouveaux appareils dans les vingt prochaines années. La demande, pour Airbus, sera concentrée aux trois quarts sur les monocouloirs (type Boeing 737 ou Airbus A320), les appareils les plus adaptés aux liaisons moyen-courrier qui constituent l’essentiel du trafic africain. Ces appareils sont aussi généralement les plus efficients en termes de consommation de carburant, une donnée clé alors que la maîtrise des émissions de CO2 est le grand défi des décennies à venir pour les constructeurs et les compagnies aériennes.
« Environ 90 % des livraisons d’avions africains devraient servir à la croissance de la flotte avec des modèles plus économes en carburant tels que le 737 MAX, le 777X et le 787 Dreamliner, près d’une livraison sur cinq remplaçant des avions plus anciens« , précise Boeing dans ses prévisions.
A noter que hormis la seule livraison des appareils, l’avionneur américain estime à 105 milliards de dollars sur vingt ans, la valeur pour l’Afrique des marchés des services commerciaux, de la supply chain ainsi que de la maintenance (MRO).
Dans un autre registre, l’envolée du secteur africain va aussi se traduire par une forte demande en termes de ressources humaines. Boeing estime ainsi que le besoin en personnel aéronautique à horizon de vingt ans se chiffre à 69 000 nouveaux professionnels, dont 21 000 pilotes, 22 000 techniciens et 26 000 membres d’équipage de cabine. Un véritable défi en matière de formation pour les compagnies continentales.
Pour rappel, en avril dernier, IATA, dans le cadre de son Initiative « Focus Africa » visant à soutenir le développement à moyen terme du ciel africain, a identifié six domaines critiques : sécurité, infrastructures, connectivité (marché unique africain de transport aérien), financement, durabilité et enfin au premier chef le développement des compétences et de la formation.