Ciblant l’Afrique de l’Ouest et Centrale francophone, la structure sera dotée à terme d’une force de frappe de 150 millions d’euros. Elle est soutenue notamment par Proparco.
Deux pros du secteur financier pour accompagner en capital le développement des entreprises africaines. Hamada Touré et Yann Pambo, respectivement ancien directeur d’investissement du fonds parisien Amethis et ex-directeur Afrique de Swiss Re, sont en effet à la manœuvre pour la création d’une toute nouvelle structure en matière de capital développement, à savoir Joliba Capital Fund I.
Au plan géographique, le nouveau fonds visera les pays francophones d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Quant aux cibles, il s’agit d’investir dans des PME et ETI au profil de champions régionaux en quête de capitaux et de soutien opérationnel. Les secteurs de choix seront « la consommation, notamment l’agroalimentaire, l’industrie manufacturière, les produits de grande consommation, l’éducation, les soins de santé, les services financiers et la logistique« , selon les promoteurs de Joliba.
En termes d’engagements en capital, le premier closing a atteint 55 millions d’euros. Il vient d’être annoncé le 13 septembre dernier à Paris. Joliba est fortement soutenu par le gestionnaire LBO France, un des pionniers du secteur dans l’Hexagone qui met ainsi un pied ferme en Afrique. Présidé par Robert Daussun, et dirigé par Stéphanie Casciola, LBO France va mettre à la disposition de Joliba ses réseaux ainsi que son back office et prend un ticket majoritaire dans la structure, en sus d’un apport en capital non précisé dans le fonds lui-même.
Les premiers investisseurs (« limited partners ») de Joliba Capital Fund I sont des acteurs de premier plan. Avec LBO France, Hamada Touré et Yann Pambo ont, en effet, séduit la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale vouée au secteur privé, la banque néerlandaise de développement FMO ainsi que Proparco. Pour rappel, cette dernière, filiale du groupe AFP, est très présente dans l’écosystème du capital investissement. Proparco a même lancé ce début d’année, avec France Invest, un programme de formation et de networking nommé African Private Equity fellowship qui intégrera sa deuxième promotion d’une cinquantaine de jeunes professionnels cet automne.
Joliba a pour objectif « de générer des rendements supérieurs à la moyenne tout en déployant systématiquement des stratégies environnementales, sociales et de gouvernance (« ESG ») afin de maximiser l’impact, promouvoir la diversité de genre et assurer une croissance durable des entreprises de son portefeuille« .
Ce fonds rejoint la courte liste des structures centrées sur le segment des PME et ETI en Afrique subsaharienne ou au Maghreb. Sur ce segment sont à la manœuvre des gestionnaires comme Amethis (Edmond de Rotschild), AfricInvest Capital Partners, Adenia Partners ou encore Mediterrania Capital Partners, tous soutenus à des titres divers par des grands investisseurs institutionnels (BEI, BERD, Proparco, SFI, FMO, Norfund…).
Si certains comme Wendel ont quitté l’Afrique, d’autres fonds généralistes sont aussi parfois à la manœuvre sur le continent… dont LBO France. Avant son investissement dans Joliba, ce gestionnaire avait pris, début 2023 au Sénégal, une participation majoritaire dans CGF Bourse, une société de courtage et de gestion d’actifs basée à Dakar. LBO France, par ailleurs, le fonds d’amorçage Seedstars Africa Venture basé à Genève et Dakar.
Selon l’association professionnelle AVCA (African Private Equity and Venture Capital), tout segment confondu (amorçage, venture, développement, dette…), le private equity centré sur l’Afrique a connu une année difficile en 2022, avec seulement 2 milliards de dollars de fonds levés contre 4,4 milliards de dollars en 2021. Une tendance qui s’est poursuivie cette année, en particulier dans le domaine des fonds ciblant la tech (venture capital) qui traversent un véritable hiver nucléaire juste après avoir atteint des sommets.