Après la Banque Mondiale et la FAO, qui ont alerté sur la hausse des prix des produits alimentaires et des énergies, c’est au tour de l’assureur Allianz Trade d’avertir des risques d’un choc alimentaire dans certains pays en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient.
Le leader mondial de l’assurance a en effet, publié la semaine dernière un rapport qui fait état d’une situation très alarmante. L’étude affirme qu’avec la flambée des prix des produits alimentaires, le conflit entre la Russie et l’Ukraine pourrait induire des tensions sociales. « Si nous ne nourrissons pas les peuples, nous nourrissons le conflit », affirme l’assureur dans son étude.
Le prix du blé est désormais supérieur à son niveau de 2012 et cette crise alimentaire pourrait toucher 11 États dont 4 pays africains. Il s’agit de la Tunisie, l’Algérie, l’Égypte, le Nigeria, la Turquie, le Liban, la Bosnie-Herzégovine, la Jordanie, le Pakistan, les Philippines et le Sri Lanka. Ces derniers présenteraient un risque élevé de tensions sociales dans les années à venir. Parmi ces 11 pays à haut risque, seules l’Égypte et la Bosnie-Herzégovine ont commencé à adopter des mesures visant à préserver le pouvoir d’achat des ménages.
Tous sont des importateurs nets de produits alimentaires et « le choc sur les prix alimentaires mondiaux représente une inquiétude particulièrement grande pour les pays qui sont importateurs nets d’aliments ou de certains aliments devenus rares, en raison de la guerre en Ukraine, à l’instar des céréales. » Ce choc « pourrait même entraîner la chute de certains gouvernements comme lors du Printemps arabe », alerte Allianz Trade en faisant référence aux mouvements de contestations populaires des années 2010 qui sont à l’origine de la chute de plusieurs régimes et de la misère sociale de certains pays.
L’étude indique également que d’autres pays importateurs nets de nourriture présentent un risque de conflits sociaux, mais moins élevé, comme la Roumanie, le Bahreïn, ou le Kazakhstan. L’Arabie Saoudite et la Chine sont aussi dans cette catégorie, mais les risques de conflits y sont encore un peu plus bas, ayant les reins financiers plus solides.
Sans surprise, ce rapport rejoint celui de la FAO, qui a estimé que la flambée des prix des céréales et des engrais a contribué à aggraver les crises alimentaires, avec pour conséquence attendue en 2022 une hausse dramatique de la facture pour les pays importateurs qui malheureusement paieront « plus pour avoir moins ». Le Fonds monétaire international (FMI) avait également alerté sur les risques de troubles sociaux en Afrique subsaharienne en raison de la flambée des prix des aliments.