C’est un des profils très politique du gouvernement en sachant qu’il est Président du Groupe Agir qui fait partie de la majorité présidentielle. Presque un remplacement poste à poste de son prédécesseur, Franck Riester, qui de son côté a été promu aux relations avec le parlement et qui est l’un des créateurs du groupe politique Agir.
Sa Ministre de tutelle, Catherine Colonna a un profil inverse, même si elle est engagée en politique depuis longtemps. Elle a fait toute sa carrière au Quai d’Orsay, c’est une diplomate professionnelle appréciée pour sa compétence et sa capacité de gestion des dossiers difficiles.
A 46 ans, Olivier Becht a fait l’ENA dans la même promotion qu’Emmanuel Macron. Il a été magistrat administratif, puis s’est tourné rapidement vers la politique. En 2008, il a été élu Maire de Rixheim, et devient l’un des plus jeunes élus d’Alsace. Il vient de remporter les élections comme député de la 5e circonscription du Haut-Rhin avec une large avance, son ancrage alsacien dans son terroir est solide. Pro-européen, il a été élu membre de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Le seul fait d’armes pour le commerce extérieur dans son CV est son passage pour les stages à l’ENA dans une ambassade comme attaché économique.
La tache va être difficile pour lui. Le commerce extérieur c’est le point noir de l’action du gouvernement. Le déficit du commerce extérieur n’a jamais été aussi important et aucune des réformes du passé n’a véritablement fait preuve d’efficacité.
Avec 500 Milliards d’euros d’exportation la France n’a pas véritablement progressé depuis 2018. C’est le calme plat alors que les importations, elles, augmentent assez fortement.
Depuis longtemps c’est l’action des organismes publics qui a été privilégiée. La fusion des organismes, l’organisation en team a permis la rationalisation des dispositifs, mais n’a pas engendré l’augmentation de l’efficacité des entreprises françaises à l’international.
Le commerce extérieur a toujours été très politique en France, pour des raisons que personne ne comprend véritablement. Un œil neuf sur le sujet, sans à priori, ne peut être que bénéfique. L’augmentation du nombre d’entreprises exportatrices en France est le seul point positif sur lequel le nouveau Ministre pourra s’appuyer pour créer une dynamique. Car c’est bien là que se situe le problème, il faut donner l’envie, il faut professionnaliser l’exportation dans les entreprises, il faut créer cette dynamique qui selon les dernières enquêtes est absente de la volonté des entrepreneurs.
L’axe de la politique totalement orienté vers l’action publique pour le commerce extérieur est sans doute à revisiter totalement. Selon le rapport parlementaire daté d’octobre 2021 du Député Laurent Saint Martin la politique de soutien financier aux exportateurs connait un succès modéré, les crédits prévus pour l’assurance prospection ne seront pas consommés et ne concernent qu’environ 1000 entreprises sur les 135 000 exportateurs. Le plan de relance en faveur de l’exportation est faible : 247 millions d’euros qui n’ont pas été totalement consommés en 2021. Les chèques de relance export sont, pour l’essentiel, consommés pour le financement de prestations du dispositif public qui est lui-même déjà financé à plus de 50% par le budget de l’Etat.
Cette première semaine de son mandat ministériel va être ponctué par la grande manifestation Choose France qui sera une première apparition à haut risque et par l’université d’été des opérateurs privés en matière de commerce international qui réfléchissent à une politique plus efficace, plus orientée vers l’entreprise et le résultat.
La vérité de la nouvelle politique du commerce extérieur de la France est sans doute au milieu et en bon centriste libéral, le nouveau Ministre va vite le comprendre.
Reste qu’il faut redonner l’envie aux entrepreneurs de sortir de chez eux dans un contexte International anxiogène. Les bonnes recettes sont parfois dans les vieux pots …