Malgré un objectif de 100 000 bornes à fin 2022, la France n’atteindra que péniblement un déploiement de 80 000 bornes en 2023. Un retard que l’entreprise polonaise EKO Energetyka compte bien combler avec une gamme de chargeurs de 30 à 420 kW. Créée en Pologne en 2009, elle adresse les besoins d’industriels, collectivités ou régies de transports. Elle se déploie actuellement en Europe et vise une couverture mondiale. Son président Wojciech Twardowski mise surtout sur la dynamique des collectivités, qui flèchent les investissements vers le renouvellement de flottes de transports publics décarbonés. « Il y a encore peu de concurrents, une volonté politique, beaucoup d’investissements et de nouveaux métiers autour de l’installation, la supervision et des services » se félicite Jean-Michel Lafaye, en charge de la distribution.
C’est sur le créneau des collectivités et de l’industrie que l’hydrogène fait sens, selon David Holderbach, président d’Hyvia, coentreprise à 50/50 entre Renault pour la partie utilitaire et Plug pour la technologie hydrogène. Ses ambitions sont européennes avec une gamme d’utilitaires commercialisée dès 2023, et la maîtrise de la station de recharge. « Un véhicule hydrogène, c’est la même architecture qu’un électrique avec son moteur, ses batteries auxquels s’ajoutent une pile à combustible et un réservoir » explique-t-il. Il restera structurellement plus cher et donc pertinent pour des véhicules plus lourds et parcourant plus de kilomètres. Il nécessite aussi des contraintes d’infrastructures pour la production et la distribution d’hydrogène. Difficile d’envisager sa propre production d’hydrogène pour un parc inférieur à 50 véhicules.
Le curseur se situera autour des 300 km par jour, en deçà duquel il sera plus intéressent de choisir l’électrique. Au delà l’hydrogène promet beaucoup, d’autant que la puissance publique vient en soutien de l’investissement. La locomotive européenne, c’est l’Allemagne, avec déjà une centaine d’unités de production. Soutenus par un programme de 9 milliards d’euros chacun, la France comme l’Allemagne affichent les mêmes ambitions pour la génération d’hydrogène vert, le stockage et les usages. Grâce à cette volonté solidement financée, il conviendra de maîtriser la chaîne de valeur pour ne pas reproduire le cafouillage de la stratégie du solaire des années 2010 qui a conduit l’industrie chinoise laminer les producteurs européens de panneaux.