Dans le cadre d’une concession sur 25 ans comprenant construction, exploitation et maintenance, le barrage opérera sous le statut de producteur indépendant. Celui-ci revendra 100% de son électricité à la Jirama. Sous réserve d’un lancement rapide des travaux, la mise en service est désormais attendue pour 2028.
La société de projet est détenue par le groupe malgache diversifié Axian, le fonds Africa50 basé à Casablanca, le développeur norvégien de renouvelables Scatec et le groupe Colas (Bouygues). Ce dernier, qui réalisera les travaux, cédera sa part de 10% à l’Etat qui doit contrôler au total 20% de la CGHV, selon les termes finaux de la négociation.
Le site du futur barrage est localisé à une quarantaine de km à l’est de Toamasina, dans une zone enclavée de collines. L’ouvrage affichera 25 m de hauteur sur 350 m de large et fonctionnera au fil de l’eau sur le fleuve Ivondro, avec possibilité de retenue. Sa construction doit générer de 1 000 à 1 500 emplois directs et indirects.
Après la signature du contrat de vente d’électricité, les partenaires de CGHV s’activent désormais pour la phase ultime du tour de table financier. Du fait du caractère structurant du barrage pour Madagascar, et de l’appui de l’Etat, de nombreux bailleurs de fonds et banques se sont déjà positionnés sur ce projet. Celui-ci affiche un coût complet de l’ordre de 500 millions d’euros (environ 350 millions d’euros pour les seuls travaux) avec une part de 30% du financement en capital et 70% en dettes. La CGHV a, à ce titre, mandaté la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale en charge du secteur privé comme lead arrangeur du financement en dette. Non dévoilé, le prix de l’électricité, qui a fait l’objet de rudes négociations avec l’Etat, devrait être de l’ordre de 6 centimes d’euros par kWh.
A noter qu’à côté de ce projet, un autre grand barrage, est en phase finale de lancement à Madagascar, à savoir celui de Sahofika. Structuré selon le même schéma de producteur indépendant sous forme de concession (25 ans) il est porté par un autre consortium constitué du groupe énergétique panafricain Eranove, du fonds Neo Themis, basé à Casablanca et du constructeur Eiffage (qui serait toutefois sur le départ).
Situé en zone isolée à environ 110 km à vol d’oiseau au sud-est d’Antananarivo, ce barrage doit développer une puissance de 192 MW. Les partenaires ont signé le contrat de concession avec l’État et la Jirama le 15 novembre 2021, sans avoir toutefois encore lancé la construction. De plus, récemment, des désaccords ont réapparu entre les sponsors et l’Etat sur le niveau de réévaluation du coût des travaux, au vu de l’inflation mondiale dans la construction constatée depuis la signature.
Largement sous-exploité, le potentiel hydroélectrique de Madagascar est estimé à plus de 7 GW par les pouvoirs publics. De nombreux autres projets de taille petite ou moyenne sont actuellement en phase d’étude, de pré-développement ou de réalisation par des entreprises comme l’Italien Tozzi Green, le Français Hyvity ou encore des opérateurs chinois sur financement souverain de Pékin.