Le transport multimodal devient une priorité pour le Port du Havre et les ports de l’axe Seine. Pour des raisons liées au bilan carbone, mais pas seulement, car l’engorgement des ports européens, même s’il s’améliore, pousse les opérateurs portuaires à faire sortir les conteneurs le plus rapidement possible du périmètre portuaire aujourd’hui saturé.
Le Port du Havre et Haropa se porte bien ! Kris Danarajou, le Directeur Général du Port peut se montrer satisfait car depuis la fusion du Port du Havre, de Rouen et de Paris au sein d’une seule entité : Haropa, une nouvelle dynamique s’est mise en marche. L’ensemble représente les 2/3 du commerce extérieur Français à l’export, 3,1 millions de conteneurs traités soit un record absolu pour le port.
Le multimodal : un objectif et une solution
Pour Haropa, améliorer le bilan carbone est dans sa feuille de route pour 2025. Il faudra pour cela presque doubler les performances et passer de 12% du trafic qui est acheminé par la voie d’eau, ou par le rail à 20%. Les reste étant dominé par le transport routier.
L’enjeu qui est lié à ce report modal est le désengorgement du Port. « On a connu un pic au mois de juillet » explique Nathalie Wagner la Présidente de la commission commerciale de l’UMEP (l’union de tous les acteurs qui interviennent dans le port). « On était à plus de 100% de taux d’occupation avec des navires qui arrivaient pour décharger plus de 9 000 conteneurs. Cela a permis une prise de conscience d’un effort collectif qui est à faire et nous avons mobilisé tous les acteurs de la chaîne logistique pour faire sortir les « boites », car un port n’est pas un lieu de stockage mais un lieu de transit. »
Le report modal avec un dégagement massif par la voie ferrée est une solution qui permet de satisfaire un double objectif : à la fois environnemental mais aussi de performance du port qui ainsi a pu réduire son temps de passage à 6 jours en octobre contre plus de 10 au mois de juillet.
Le acteurs du report modal investissent eux fortement sur ces solutions : Naviland ou Delta rail ont augmenté de façon massive les dessertes et semblent prêt à investir plus pour coller à cet objectif. Naviland va également investir dans un nouveau parc terminal à Vénissieux à coté de Lyon pour traiter de façon plus massive des conteneurs. De son côté Delta Rail compte augmenter ses lignes avec un hub basé à Chalon sur Saône et va ouvrir une ligne vers l’Allemagne qui desservira Worms et Duisbourg.
Reste à affiner les mesures incitatives présentées par la plateforme portuaire, et notamment augmenter plus encore les jours de franchise de stationnement accordées aux chargeurs qui utilisent le report modal. Le port affirme y réfléchir, mais la véritable solution viendrait de pouvoir sortir des conteneurs du port 7 jours sur 7 et non 5 jours par semaine comme aujourd’hui. C’est ce qui est en cours de mise en place dans les ports du Nord, mais cela va demander de bouger les habitudes de toute une chaine logistique et va prendre le temps de la concertation.
Dans tous les cas le report modal est inévitable, la pénurie de chauffeurs de camion, l’augmentation durable du gasoil sont des facteurs incitatifs. Convaincre plus d’entreprises à l’utiliser reste le facteur de motivation majeur pour faire bouger les lignes.