« MSC et Maersk reconnaissent que beaucoup de choses ont changé depuis que les deux sociétés ont signé l’accord de 10 ans en 2015. L’arrêt de l’alliance 2M ouvre la voie aux deux sociétés pour continuer à poursuivre leurs stratégies individuelles », ont indiqué dans un communiqué commun le 25 janvier dernier, Vincent Clerc, directeur général d’A. P. Moller – Maersk, et Soren Toft son homologue de MSC. Ceux-ci indiquent par ailleurs que l’alliance contiendrait de délivrer les services prévus à ses clients jusqu’à la rupture « sans impact sur les contrat en cours ».
Le groupement commercial 2M avait été créé en 2015 pour une période de 10 ans et une possible rupture amiable avec deux ans de préavis, qui vient donc d’être mis en œuvre. Cette vaste alliance couvre les axes Asie-Europe, Transatlantique et Transpacifique.
Selon les toutes dernières données au 31 janvier de l’analyste maritime Alphaliner, les deux transporteurs pointent en tête de leur secteur. MSC qui a dépassé son rival l’an dernier, affiche une capacité totale (navires en propre et affrétés) de 4,63 millions de conteneurs TEU contre 4,22 millions pour Maersk. Ce devant notamment le français CMA-CGM (3,39 millions), le Coréen Cosco 2,86, l’Allemand Hapag-Lloyd (1,79 million) et le Taïwanais Evergreen (1,66 million).
L’alliance 2M affronte au plan commercial les deux autres grandes consortium subsistants : THE Alliance (Hapag-Lloyd, K Line, Nippon Yusen Kaisha Mitsui OSK Lines, Yang Ming) et Ocean Alliance qui rassemble CMA CGM et les asiatiques Cosco, Evergreen et Orient Overseas Container Line.
Destinées à gagner en efficience dans un monde du transport maritime de plus en plus concentré, les alliances consistent à partager des capacités et le cadencement de certaines lignes. Elles se sont développées sous diverses configurations depuis une vingtaine d’années. Elles sont régulièrement pointées du doigt par les grandes autorités de la concurrence (Union Européenne, Etats Unis, Chine) et les chargeurs. Ces alliances ont pu jusqu’à présent, au fil de concessions successives, échapper à des sanctions ou une interdiction pure et simple.
En Europe, le règlement dit CBER (Consortia Block Exemption Regulation ou CBER) de 2009 donne un cadre légal à ces exemptions. Il expire le 25 avril 2024 et les services de Margrethe Vestager, la Commissaire à la concurrence, ont débuté l’an dernier la réévaluation de son contenu. Avec désormais un fait certain, la disparition d’une des trois alliances, mais aussi, peut-être, d’autres reconfigurations à venir.