D’ici à 2032, pas moins de 15 000 navires pourraient être sortis de la flotte mondiale, et donc destinés à être démantelés et recyclés, selon une estimation de Niels Rasmussen, Chief Shipping Analyst, au sein de BIMCO, l’une des principales associations maritimes internationales représentant les armateurs.
Ces 15 000 navires représentant une capacité de port en lourd de plus de 600 millions de tonnes. Il s’agit là d’une hausse impressionnante, à savoir un doublement par rapport à la moyenne des dix dernières années, selon les estimations de BIMCO.
Un afflux qui va stimuler l’activité dans les quatre pays où est concentré l’essentiel du démantèlement mondial des navires, à savoir l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh et la Turquie.
Ces cinq dernières années, ceux-ci ont démantelé 96 % de la capacité de port en lourd et 77 % des navires, selon BIMCO. Même si les Etats concernés arguent de leurs efforts en la matière, ces « déconstructions » sont réalisées dans des conditions encore souvent peu satisfaisantes.
Dans ce contexte, BIMCO pointe l’urgence de la ratification de la Convention internationale de Hong Kong sur le recyclage des navires. Adopté au sein des pays membres de l’IMO (International Maritime Organization) en mai 2009, ce texte vise à réduire les risques pour la santé humaine, la sécurité et l’environnement du recyclage des navires.De son côté, l’Union européenne a adopté en novembre 2013 un règlement spécifique sur les obligations en matière de démantèlement de navires mais sa portée demeure limitée, du fait du faible nombre d’opérations de ce type en Europe ou de l’immatriculation d’un grand nombre de navires auprès de pavillons externes à l’Union européenne.
L’accroissement futur du nombre de navires à recycler s’explique pour partie par l’envolée de la flotte mondiale. Comparée à la décennie 1990, la capacité construite au cours des années 2000 a plus que doublé. Et la flotte, portée par le boom du commerce international durant cette période, a encore augmenté de 65 % lors de la décennie 2010!
A cela s’ajoute désormais l’édiction de normes internationales de plus en plus sévères sur les émissions des navires, d’abord en termes de polluants directs (souffre…) et, à l’avenir, en matière d’émissions de CO2. Ce qui devrait entraîner une tendance au rajeunissement de la flotte mondiale. « De nombreux navires anciens devraient être recyclés plus tôt que la normale, en raison des limites toujours plus strictes sur les émissions de gaz à effet de serre » estime ainsi BIMCO.
Pour rappel, en mars dernier au plan européen, sur proposition de la Commission, un accord a été conclu entre le Parlement et le Conseil sur la contribution du transport maritime à la réalisation de l’objectif « net zéro en 2050 » Ce projet de texte dit « FuelEU Maritime » prévoit que l’intensité carbone du transport maritime diminue de 80 % d’ici à 2050.
Ce projet complète l’accord provisoire au sein des institutions européennes de décembre 2022 qui prévoit d’inclure les émissions du transport maritime dans le système d’échange de quotas d’émission de l’Union Européenne, une petite révolution.
A côté de la motorisation au GNL, une technologie bien maîtrisée, d’innombrables projets de carburants alternatifs (ammoniac, hydrogène, biocarburants…) sont imaginés par les armateurs, motoristes et chantiers navals. Mais ils sont encore très peu déployés. Selon l’opérateur en gestion de risques Det Norske Verita DNV Maritime, 98,8% de la flotte mondiale en nombre de navires, et 94,5% en termes de tonnage, fonctionne encore avec des carburants traditionnels, fuel lourd pour l’essentiel.