61 % des chargeurs estiment que le TRM (transport & Logistique Responsables) français n’atteindra pas l’objectif de neutralité carbone fixé à 2050 par la SNBC (stratégie Nationale bas-Carbone). C’est ce que révèle une étude de Sightness réalisée avec Bp2r et Carbone 4. Ce nouveau rapport publié il ya quelques semaines, intitulé « Enquête 2023 – (ré) concilier le transport de marchandises et décarbonation », met en avant la manière dont les acteurs du secteur perçoivent cet enjeu et mettent en œuvre les divers leviers à leur disposition pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).
Pour cette étude, 114 professionnels francophones du transport de marchandises, en poste au sein du service transport, achats indirects ou encore supply chain d’une entreprise donneuse d’ordres, ont été interrogés entre le 1er et le 15 juin 2023.
En France, le secteur des transports est le principal responsable de nos émissions de gaz à effet de serre. Parmi ces émissions, on estime que 40 % sont attribuables au transport de marchandises, dont 21 % pour les poids lourds et 16 % pour les véhicules utilitaires légers.
La décarbonation du transport est désormais reconnue comme un enjeu majeur, mais les progrès ne sont pas à la hauteur des attentes. Contrairement à d’autres secteurs d’activité, les émissions de GES liées au transport de marchandises continuent de croître, malgré les objectifs ambitieux fixés par l’ADEME en 2015, visant la neutralité carbone d’ici 2050. Un sujet qui implique à la fois un renouvellement des usages en matière de déplacements, mais aussi des investissements conséquents sur les mobilités les moins polluantes ainsi qu’un changement de mode de propulsion pour les véhicules, qu’il s’agisse des véhicules utilitaires ou des poids lourds.
Malgré leur pessimisme affiché de nombreuses entreprises (71% des interrogées) affirment avoir déjà mis en place ou être en train d’élaborer un plan d’action spécifique pour réduire leurs émissions de GES liées au transport de marchandises au sein de leur organisation. 86 % déclarent que leur entreprise mesure les émissions de GES issues du fret. Et parmi elles, 54 % déclarent désormais calculer les émissions sur l’intégralité des flux contre 36 % en 2022. Cette amélioration est fondamentale, la précision du calcul permet de définir au mieux des objectifs pertinents pour décarboner le transport de marchandises.
L’enquête démontre que le sujet de la décarbonation du fret prend en maturité chez les chargeurs. Cela se traduit par des progrès notables, sur cette précision du calcul notamment et sur l’adaptation des organisations. Les transporteurs restent cependant pessimistes. Ils jugent que trop de retard a été pris concernant la décarbonation et qu’il reste beaucoup d’efforts à fournir d’ici 2050 pour atteindre l’objectif commun de neutralité carbone. L’absence partielle ou totale de budget au sein des entreprises, freine également l’atteinte de cet objectif. La grande majorité des répondants (63%) pointent même l’absence totale de budget dédié. « Nous sommes à la croisée des chemins : l’importance de l’enjeu est bien comprise, les obstacles également. Il s’agit maintenant d’avancer malgré ces derniers » commente Xavier Villetard, partner chez bp2r.