C’est dans un contexte de déficit commercial prononcé, mais qui s’améliore, que s’est tenue la conférence annuelle sur le financement des exportations à Bercy début février. L’occasion de faire le point sur les outils mis en place et leur efficacité mais aussi sur les nouveautés proposées par l’administration.
2023 a été une année de largesse pour le gouvernement français qui avait mis en place postcovid une politique très incitative de chèques relance export. Plus de 20 000 chèques relance et chèques VIE ont été distribués aux PME qui en ont fait la demande. Un record pour un dispositif français à l’exportation qui semble avoir porté partiellement ses fruits, car le déficit commercial s’est amélioré de 40%, même si le prix de l’énergie a joué pour beaucoup dans cette amélioration.
Les montants d’assurance engagés pour l’assurance prospection ont nettement progressé en passant de 170 millions à 220 millions. C’est le dispositif majeur dans l’arsenal français pour l’export puisqu’il permet la diminution du risque lié au développement commercial à l’export. Il est toutefois utilisé par moins de 1500 entreprises par an, soit environ 1% des entreprises exportatrices françaises. Un long chemin reste à faire.
Dans les changements on notera la clarification de la notion de « part française » nécessaire dans les soutiens de types garanties ou prêts du trésor. Un guide a été édité sur le sujet qui laisse beaucoup moins de place à des interprétations en fonction des dossiers. Il en résulte, selon Bercy, une plus grande clarté et prévisibilité pour toutes les entreprises (par exemple: adaptation aux schémas de co-traitance/sous-traitance internationale). Le seuil de CA pour pouvoir bénéficier de ces mesures a été relevé à 300 M€ contre 150 précédemment. Cette évolution élargit aussi la population de PME-ETI qui bénéficient d’une meilleure couverture en assurance-caution export, avec une quotité garantie de 80% au lieu de 50% pour les grandes entreprises.
Enfin il a été décidé une décentralisation des décisions quant aux offres d’assurance-caution export pour les montants inférieurs à 1M€ ce qui devrait fluidifier les prises de décisions.
Ce que l’on peut retenir de ces annonces est la déclaration de Bruno Lemaire qui fait bien comprendre la stratégie menée par Bercy : « Notre politique de soutien export est indissociable de notre politique industrielle. C’est pourquoi la part française au sein des contrats à l’export reste la boussole pour dimensionner les garanties que l’Etat octroie et qui s’élèvent en 2023 à plus de 20 milliards d’euros au bénéfice d’entreprises de toutes tailles. »
Les fonds FASEP, des fonds de dons du trésor français pour amorcer des études ou des projets exemplaires, ont été augmentés en 2023 pour atteindre 30 M€. Ce dispositif permet de flécher des innovations françaises dans les pays en voie de développement et permet de mettre en avant des dossiers emblématiques, même si leur gestion reste très lourde.
Si on en croit Bercy, les moyens ne manquent pas … mais on ne connait pas l’avis de Franck Riester, nouveau ministre du Commerce extérieur, qui a pour tâche de redresser notre commerce extérieur. Le pari de son prédécesseur axé sur la quantité d’exportateurs, passer de 100 000 à 130 000, peut-il être significatif dans les chiffres du commerce extérieur à moyen terme ? … rien n’est moins sûr … les paris de la quantité sur la qualité sont rarement payants.