Ce cycle haussier ne relève pas uniquement de la spéculation. La Covid a eu un effet dépressif sur les prix des « commodités ». Au plus fort de la crise, le pétrole ou les métaux ont vu leur prix plonger de manière spectaculaire. Par effet induit, les investissements physiques des opérateurs en amont se sont aussi effondrés, de quoi générer un déficit d’offres qu’il faut désormais combler, dans une période troublée par la hausse des taux directeurs, les tensions internationales et les difficultés d’approvisionnement en composants industriels et autres machines. Cette thèse reprend l’étude publiée le 14 décembre 2022 par Goldman Sachs et intitulée « 2023 Commodity Outlook: An Underinvested Supercycle ».
L’étude prédit une progression de l’indice boursier des matières premières (S&P GSCI TR) de 43% cette année après 21% en 2022 et 42% en 2021. Goldman Sachs identifie le début du « supercycle » dès octobre 2020 et la relance, alors, de l’économie mondiale après la crise sanitaire. Il faut noter toutefois que la spectaculaire reprise des cours sur le minerai de fer, le nickel ou le cuivre s’est surtout déroulée en 2021, l’année 2022 marquant un début de reflux. L’évolution des cours de ce début d’année ne marque pas d’indications claires.
« La fin de la hausse des prix [en 2022] ne signifie pas la fin du supercycle, écrit Goldman Sachs, les problèmes d’offre mettent des années à se résoudre ».
Avec une incertitude majeure : l’évolution de la demande chinoise, facteur essentiel d’équilibre, ou déséquilibre, des marchés. Pour rappel, après une hausse du PIB 2022 estimée à 3% par le FMI, le président Xi Jinping vient de fixer un objectif « autour de 5% » pour la croissance du pays cette année.
A relever que de son côté, Standard & Poor’s ne souscrit pas à la thèse du « Super cycle ». Dans une note de recherche de début d’année, la firme d’analyse financière estime que les trois conditions ne sont pas réunies : à savoir hausse simultanée de la demande, de l’offre et des prix.
Mais les auteurs de cette note appellent de leurs vœux, ce supercycle dans un domaine au moins, celui des matériaux critiques pour la transition énergétique (cuivre, aluminium, lithium, cobalt, nickel…).
Plus globalement, sans regain investissements pour créer des capacités de production, les matières premières resteront bloquées dans une longue période de déficits d’offre et de prix volatils, estime Goldman Sachs, pour qui la relance massive d’un cycle d’investissement physique dans l’amont reste toutefois encore à confirmer.
A ce titre, la firme d’analyse GlobalData apporte un éclairage. Elle a passé au crible l’activité des 20 premiers groupes miniers mondiaux (Rio Tinto, BHP, Vale, Anglo American, Glencore…) et leurs dépenses d’investissement (capex) devraient progresser de 11,6% cette année à 71,6 milliards de dollars. Ceci après des hausses de 19% en 2021 et 12,8% en 2022. Selon GlobalData, ces géants accélèrent en priorité dans deux domaines : la décarbonation de leurs activités et les matériaux critiques.
photo Kakula RDC crédit : Ivanhoe