Alexandre Ratle est un multi-chef d’entreprise de ce que l’on appelle des entreprises françaises à l’étranger. Présent depuis 19 ans en Tunisie il a commencé dans les intrants pour l’agriculture, mais il est aussi aujourd’hui dans le médical, ou dans l’énergie … Président du comité Tunisie des Conseillers du Commerce Extérieur de la France, il rappelle que malgré les circonstances, les entreprises françaises ont continué de se développer assez fortement dans les cinq dernières années dans le pays.
Ce comité des CCE à Tunis est un modèle du genre. Il est innovant, productif et engagé. Il a édité récemment une étude très complète sur les investissements français en Tunisie qui change la vision que nous pouvoir avoir des investissements sur place.
« Cette première étude est le fruit d’une collaboration étroite avec le service économique et donne clairement la vraie contribution et stratégie des entreprises françaises dans le pays » explique Alexandre Ratle. « La présence française est très significative en Tunisie : 1400 entreprises françaises sont implantées (2800 sur le Maghreb) ce qui représente 150000 emplois. C’est très contributif pour le pays, d’autant que beaucoup d’entreprises ont elles même développé leur propre réseau de sous-traitants ce qui double ou triple le nombre d’emplois générés. »
« Le premier enseignement c’est que plus de la moitié des entreprises sont des filiales de PME, contre 27% de grands groupes et 27% d’entreprises locales dirigées par des Français. » ajoute Alexandre Ratle. « Le 2ᵉ point, contrairement aux idées reçues, c’est qu’elles ont très majoritairement augmenté leur CA depuis cinq ans ce qui est encourageant et montre la bonne santé de l’économie. »
« Le troisième enseignement, c’est que les entreprises françaises sont de bons élèves : elles respectent la parité homme femme, elles ont une politique sociale très active, ce qui engendre un turnover très faible, inférieur à 11% dans les établissements. Elles sont très souvent engagées dans de nombreuses actions pour la communauté ou la cité. 60% des entreprises françaises font un soutien fort au développement durable, en termes notamment environnemental… » Les Français seraient-ils des investisseurs modèles dans le pays ? Cette bonne santé est en tout cas le signe que pour eux il s’agit d’investissements rentables qui font l’objet de toute leur attention.
Un contexte économique déconnecté du contexte politique
« En Tunisie, il faut déconnecter la microéconomie et la macroéconomie. Le marché local ne se porte pas si mal, 80 à 85% des exportations sont dirigées vers l’Union Européenne. Tant que l’UE est en croissance, la Tunisie se portera bien. »
Il reste que tout le monde est en attente de la décision du FMI, qui est une sorte de marqueur pour que les bailleurs de fonds réinvestissent dans le pays.
« La Tunisie a besoin de cet accord comme un symbole, car le pays a besoin d’investissements dans ses infrastructures et notamment d’un rééquilibrage de la côte vers l’intérieur. Tout cela n’a pas pu se faire dans la période d’adaptation vers la démocratie, mais aujourd’hui il devient urgent de le faire. Depuis 20 ans on constate la très grande différence d’appréciation entre la sphère politique et la relation des Français avec les Tunisiens. Il a un lien très affectif entre nos deux peuples qui dépasse de loin les problématiques politiques. On a beaucoup de valeurs communes. »
« La Tunisie a besoin de retrouver confiance en elle-même, les fondamentaux sont bons, les dynamiques qui ont fait la Tunisie sont toujours là ! Il ne faut pas grand-chose pour tout accélérer et les choses peuvent se dénouer très rapidement. »