Il y a quelques semaines, FranceAgriMer a publié un rapport sur les enjeux stratégiques du commerce maritime en France. Un rapport axé » productions agricoles et agroalimentaires françaises » mais pas seulement… Celui-ci met en lumière les défis et les opportunités auxquels sont confrontés les ports français dans un contexte économique mondial complexe.
Le commerce maritime joue un rôle crucial dans l’économie mondiale et la France ne fait pas exception. Avec ses ports bien situés et sa position géographique favorable, l’hexagone est un acteur clé dans le commerce maritime international. Parmi les ports français les plus importants, Le Havre se distingue en tant que plus grand port conteneurisé du pays, avec des connexions solides vers l’Asie et l’Amérique du Nord. Marseille occupe une place clé pour les échanges avec le bassin méditerranéen, le Moyen-Orient et l’Afrique subsaharienne. Dunkerque joue un rôle essentiel dans les échanges commerciaux avec le Royaume-Uni et les pays nordiques. Nantes Saint-Nazaire, quant à lui, se spécialise dans le transport de diverses marchandises, notamment les produits agroalimentaires et les marchandises industrielles.
Dans un contexte économique mondial marqué par les guerres commerciales, la crise sanitaire, la crise énergétique et le ralentissement économique, il est essentiel d’établir une stratégie claire pour maintenir la compétitivité des ports français. De plus, la réglementation environnementale de l’Organisation maritime internationale (OMI) concernant les émissions de gaz à effet de serre exige une adaptation et une anticipation afin de minimiser les impacts futurs sur les produits transportés. La première étape a été l’élimination progressive de deux gaz à effet de serre compris dans le fioul maritime et l’utilisation de carburant sans dioxyde de soufre ou de système de leur élimination dans les fumées. Cela représente des surcoûts désormais intégrés dans les taux de fret. L’étape suivante engagée par l’OMI concerne l’adoption de mesures d’efficience énergétique pour la flotte existante et pour les constructions nouvelles. Les compagnies maritimes suivent également les calendriers de décarbonation de l’Union européenne (UE). Le programme « Fit for 55 » de la Commission européenne vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre européennes de 55 % d’ici 2030, pour un objectif de neutralité carbone en 2050. Dans
ce cadre, le système d’échange de quotas d’émission sera étendu au transport maritime le 1er janvier 2024.
Le rapport met en évidence plusieurs perspectives stratégiques importantes. Afin de maintenir leur compétitivité, les ports français doivent améliorer leurs performances portuaires, y compris le stockage, la manutention et l’intermodalité.
L’un des axes pressentis est celui d’utiliser l’intelligence économique au service des chargeurs. Le passage portuaire et le transit maritime font l’objet de processus de digitalisation qui assurent des informations aux chargeurs notamment en termes de suivi, de pistage (tracking ) et de traçage (tracing). Les chargeurs disposent donc d’informations liées à leur contrat de transport. À l’avenir, ils pourront disposer de plus en plus d’informations sur leurs marchandises
conteneurisées via les conteneurs « intelligents ». Des technologies existent déjà pour communiquer des informations, parmi lesquelles le suivi permanent de la température des conteneurs « reefer » pour les produits périssables. Une véritable stratégie de marketing doit aussi être développée par les ports français en coopération avec les filières.
Le rapport identifie également plusieurs défis auxquels sont confrontés les ports français. Tout d’abord, les problèmes de congestion sont de plus en plus fréquents en raison de l’augmentation du trafic maritime. De plus, la pénurie mondiale de conteneurs affecte également les ports français, entraînant des retards dans le transport des marchandises. Les retards et les annulations de voyages peuvent perturber la chaîne d’approvisionnement et nuire à la compétitivité de ces ports. Enfin, la numérisation et l’automatisation sont des tendances en croissance dans le secteur maritime, et les ports français doivent s’adapter à ces évolutions pour rester compétitifs.