L’évolution des échanges de marchandises est repassée en terrain négatif ce deuxième trimestre, selon l’institution internationale. Le recul s’affiche à 0,4% et interrompt la reprise constatée en début d’année. Le « friend-shoring » prend lui de l’ampleur.
Dans un contexte de tensions internationales toujours fortes, de rivalité commerciale sur la « Tech » notamment, de guerre en Ukraine et d’inflation persistante, il n’y pas de miracle sur le front de l’évolution des échanges mondiaux et même plutôt un nouveau ralentissement. C’est ce que vient d’indiquer la Cnuced (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), basée à Genève.
Ses estimations publiées le 21 juin dernier « suggèrent un ralentissement de la croissance du commerce mondial » au deuxième trimestre 2023. Les échanges des marchandises auraient ainsi reculé de 0,4% en volume sur cette période, ceci faisant suite à une hausse de 1,9% au premier trimestre (données en glissement trimestriel, ajustées des variations saisonnières). Les échanges de services sont un peu mieux orientés et demeurent en terrain positif. Ils s’affichent en croissance de 1% ce deuxième trimestre, un niveau bien inférieur toutefois à la hausse de 3% constatée sur les trois premiers mois de l’année.
Publiées au mois de mars dernier, les précédentes estimations trimestrielles de la Cnuced laissaient espérer un retournement de tendance ce début d’année, après le plongeon du dernier trimestre de 2022. Sur la fin de l’année dernière, les échanges de biens avaient, en effet, chuté de 6,6% et ceux des services de 2,3%, des chiffres alarmants faisant suite à un troisième trimestre 2022 lui aussi en territoire négatif (-0,7% pour les services, -1,9% pour les biens).
Pour rappel, en 2022, le commerce mondial a battu un record absolu en valeur à 32 000 milliards de dollars (biens et services), selon la CNUCED en raison notamment de la hausse des prix. Mais il a commencé à montrer des signes de faiblesse sur la deuxième partie de l’année.
Le pessimisme des dernières données de la Cnuced confirme celui de l’OMC. Paru le 31 mai, le dernier indicateur composite avancé de l’OMC est demeuré lui aussi en terrain négatif. Pour rappel, selon les dernières prévisions complètes de l’OMC, publiées le 5 avril, le commerce mondial des biens devrait progresser en volume de 1,7% cette année (après 2,7% en 2022) puis se relancer plus fermement à +3,2% en 2024.
Quant aux évolutions qualitatives, la Cnuced dans son analyse sur la période récente (cinq derniers trimestres), confirme, par ailleurs, la tendance mondiale croissante au « friend-shoring » (échanges et investissements entre pays politiquement proches). Selon l’institution des Nations Unies, il y a un déclin global de la diversification des partenaires commerciaux entre pays. Dans le même sens, la Cnuced pointe, notamment, « le déclin continu de l’interdépendance commerciale entre les États-Unis et la Chine. (…) Au cours des 18 derniers mois, les États-Unis sont devenus un marché d’exportation relativement moins important pour la Chine. [Et], la dépendance des États-Unis à l’égard de la Chine en tant que fournisseur a encore diminué ». La part des échanges cumulés entre les deux pays (comparée à leurs échanges totaux) a chuté de 3 points à 11,6% entre le début de 2021 et ce deuxième trimestre.
Au-delà des évolutions conjoncturelles, c’est toute la géographie mondiale du commerce qui se cherche un nouvel équilibre.