Certains le considèrent comme LE marché émergent le plus prometteur de ces prochaines années, d’autres comme un poids lourd économique qui périclite… Bienvenue dans la francophonie, un marché de plus de 321 millions de locuteurs, qui pourrait en compter 750 millions d’ici 2050, selon l’Alliance des patronats francophones (APF).
Le 20 mars 1970 à Niamey au Niger, était créée l’Agence de coopération culturelle et technique. Elle allait devenir par la suite l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Depuis, le 20 mars de chaque année est célébrée la Journée internationale de la Francophonie dans le monde entier. La francophonie regroupe 88 pays ou États sous-nationaux dont le français est la langue officielle ou l’une des langues officielles, ou qui comptent une minorité de francophones.
Pour beaucoup, la francophonie reste plus attachée à une culture qu’à une économie alors qu’elle pèse pour 20 % du commerce international de marchandises et 16 % du PIB mondial, en plus d’abriter 14 % des réserves de ressources minières et énergétiques de la planète.
Contrairement à certaines idées reçues la communauté est un espace économique très dynamique. En 2021, en pleine pandémie de COVID-19, la croissance moyenne du PIB réel dans l’ensemble des pays francophones s’est établie à 7 %, selon l’APF. À titre de comparaison, en 2021, le Brésil affichait un taux de croissance de 4,6 %, la Russie de 4,7 % ou l’Afrique du Sud de 4,9 % d’après le Fonds monétaire international (FMI).
Cet été dans sa lettre d’information des investissements francophones l’APF liste les principaux projets d’investissement industriels des entreprises francophones dans les pays et régions membres de l’Alliance des Patronats Francophones. Tous secteur et tous pays confondus les chiffres témoignent sur un an d’une hausse du nombre de projets, mais aussi des montants investis et des emplois créés.
Lors du Sommet de la Francophonie, en novembre dernier à Djerba, les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont adopté le Cadre stratégique 2023-2030 de la francophonie. Parmi les ambitions énoncées figure celle de faire de la francophonie « un laboratoire de coopération stratégique et innovante ayant pour objectifs la mise en œuvre de projets de proximité, la promotion de l’éducation, de la formation et de la recherche, le renforcement de la coopération et les échanges économiques ou encore le soutien à l’accélération de la transformation numérique au service des populations. » Depuis, les initiatives se poursuivent. L’organisation d’un premier Festival de l’Intelligence Economique francophone (FIEF 2022), organisé par le Centre Africain de Veille et d’Intelligence Economique (CAVIE) à Djerba puis, six mois après la création à Tunis de l’Alliance des Patronats Francophones, les 28 organisations patronales de pays francophones se sont réunies il y a tout juste un an à Abidjan pour la seconde édition de la Rencontre des Entrepreneurs Francophones (REF). Cet évènement a été suivi d’une déclaration commune » La francophonie économique, un moteur de compétitivité et de croissance » créée pour dynamiser les flux économiques de l’espace francophone car « au sein de l’espace économique francophone, nous partageons des informations dans une même langue, mais aussi les mêmes méthodes et outils pour les analyser et les exploiter ».
Aujourd’hui beaucoup de regards se tournent vers le continent africain. D’abord le français, qui est aussi la troisième langue des affaires dans le monde, après l’anglais et le mandarin, pourrait bien devenir la deuxième, voire la première, d’ici 2050, en raison du boom démographique en Afrique. Ensuite, sur le continent africain, l’expertise d’un pays francophone peut être particulièrement intéressante dans les domaines de l’éducation, de la transition énergétique, de la décarbonation de l’économie ou de la gestion des chaînes logistiques. Enfin, si la francophonie regorge d’occasions d’affaires, elle présente parfois aussi des risques importants pour les entreprises en Afrique. Ces dernières années, plusieurs coups d’État militaires ont renversé des présidents élus de pays francophones d’Afrique de l’Ouest, notamment en Guinée, au Mali, au Burkina Faso et, tout récemment, au Niger. La francophonie est donc pour certains un marché émergent à considérer tout en faisant preuve de prudence sur lequel la France a du mal à se positionner alors que de nombreux pays africains attendent que notre pays les tire vers le haut et avec eux, leur économie et leurs entreprises. La ministre sénégalaise à la Francophonie, Penda Mbow a récemment indiqué « on jugera les pays francophones sur leur capacité à réduire la fracture numérique au sein de leur société. ».
Trente ans après le dernier sommet qu’elle a organisé, la France se prépare à accueillir en novembre prochain le XIXème Sommet de la Francophonie à Villers-Cotterêts, dans l’Aisne. La République du Bénin, est quant à elle déjà candidate pour accueillir le 20e Sommet de la francophonie en 2026.