La semaine dernière, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) se sont se retrouvé en avril à Washington pour leurs « Réunions annuelles de printemps ». Les deux institutions, qui fêtent cette année leurs 80 ans, comptent parmi les plus importantes en termes de financement du développement international. Ces réunions offrent, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, une plateforme aux ministres des Finances du monde entier, aux experts, aux gouverneurs des banques centrales, aux investisseurs privés et à l’ensemble des organisations agissant dans le domaine du développement et de la coopération économique et financière pour discuter des grandes questions internationales.
Cette année ces réunions de printemps ont débuté sur fond de multiples polémiques. L’une des principales a été lancée dés le lundi par Oxfam. Selon un rapport publié par l’ONG, 64 des 106 pays actuellement aidés par les institutions financières internationales ont vu leur inégalités augmenter. Des inégalités de revenu atteignant parfois les seuils d’alerte des Nations unies. « Le FMI et la BM présentent la lutte contre les inégalités comme une priorité mais soutiennent dans le même temps des politiques qui l’augmentent. » a déclaré dans un communiqué l’une des responsables d’Oxfam. Selon l’ONG, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale pousseraient les pays bénéficiant de leur soutien à diminuer leur dette, en coupant dans leurs dépenses, augmentant ainsi les inégalités économiques.
La question de la dette des pays du Sud a constitué l’enjeu le plus important de ces Réunions de printemps car elle concerne autant la Banque mondiale que le FMI. En effet, selon la CNUCED, près de la moitié de l’humanité vit aujourd’hui dans des pays qui dépensent plus d’argent pour payer les intérêts de leurs dettes que pour l’éducation et la santé. Si l’aide publique au développement a encore enregistré un montant record en 2023 (près de 210 milliards d’euros), elle est loin d’être suffisante. L’un des chantiers à venir portera sur les risques de surendettement des pays en développement avec par exemple la restructuration de la dette du Sri Lanka ou du Ghana. Par ailleurs, certains membres du conseil d’administration se sont déclarés en faveur d’une révision de la politique du FMI relative aux frais imposés aux pays qui empruntent auprès de l’institution plus que la part qui leur est normalement allouée ou mettent plus de temps à rembourser. Le Fonds monétaire international a de son coté exhorté lors de cette semaine marathon les pays à maîtriser leurs dépenses budgétaires, tout en reconnaissant que cela pourrait s’avérer difficile au cours d’une année 2024 riche en élections.
Enfin, mobiliser plus de capitaux pour les investissements liés aux objectifs de développement durable et à la lutte contre le réchauffement climatique, sur fond d’un lourd endettement des pays en développement, c’est la redoutable équation à laquelle ont été confrontés les deux institutions appelant de leurs vœux un « nouvel accord » entre pays riches et en développement pour débloquer les milliards de dollars nécessaires. En fin de semaine 11 pays ont annoncé des engagements totalisant 11 milliards de dollars en faveur de trois outils de financement innovants du Groupe de la Banque mondiale, visant à accroître considérablement le financement du développement. Cependant, de l’élargissement de l’accès à l’énergie et aux soins de santé, à la création de nouveaux mécanismes de financement, les réunions ont mis en évidence un besoin d’effort concerté pour transformer la vision en action efficace.