L’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan intensifient leurs relations avec l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) dans le cadre de leur processus d’adhésion, mais le chemin sera encore long…
Sur la carte mondiale des -rares- pays non-membres de l’Organisation Mondiale du Commerce, l’Asie centrale s’affiche clairement mais la situation est loin d’être vitrifiée. Alors que leur plus grand voisin, le Kazakhstan a intégré l’OMC dès 2015, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan, bien qu’à des stades différents, accélèrent, leurs efforts pour intégrer l’organisation multilatérale basée à Genève.
Coincés entre la Russie et le bloc occidental, souvent dénoncés pour leur faible niveau de respect des libertés publiques, ces trois pays entendent ainsi trouver un peu d’air sur la scène internationale et aussi conforter leur position géographique clé au sein des nouveaux corridors logistiques reliant l’Asie et l’Europe.
Le chemin sera encore long, toutefois. La nation la moins avancée à ce titre est le Turkménistan. Dernier État de l’ex-bloc soviétique à faire acte de candidature, le Turkménistan que préside Serdar Berdimuhamedow (fils du président précédent) a déposé sa demande officielle le 24 novembre 2021 auprès de la directrice générale de l’OMC Ngozi Okonjo-Iweala. Le processus, lent, n’en est qu’à ses prémisses. La constitution du Working Party ou Groupe de travail (les États membres délégués pour négocier l’adhésion) remonte au 23 février 2022 et il ne s’est pas encore réuni formellement. Suite à une rencontre en septembre 2023 à New York entre Ngozi Okonjo-Iweala et le Président Berdimuhamedow, les discussions techniques préalables, pour l’essentiel des actions de formation auprès de l’administration turkmène, ont toutefois débuté avec le soutien de la Banque asiatique de développement. Dans le meilleur des cas pour le Turkménistan, la perspective est celle de l’ouverture formelle des discussions impliquant le Groupe de travail avant la fin de cette année 2024.
Les choses sont plus avancées concernant l’Ouzbékistan et l’Azerbaïdjan. L’Azerbaïdjan a postulé à l’OMC dès 1997 et la création du Groupe de travail remonte à cette même année. Depuis, le pays bordé par la Caspienne avait laissé tomber en désuétude sa candidature, avant, voilà trois ans, de relancer sa demande d’adhésion, ce qui s’est traduit par l’accélération des discussions techniques. » La quinzième réunion du Groupe de travail de l’accession de l’Azerbaïdjan à l’OMC, tenue le 6 juillet 2023 après six années d’impasse, a donné un « nouvel élan au processus d’accession« , indiquait ainsi l’an dernier l’OMC. Plus récemment, dans le cadre d’une tournée régionale, Ngozi Okonjo-Iweala s’est rendue début juin dans ce pays qui doit, par ailleurs, abriter la COP 29 en novembre prochain. La directrice de l’OMC qui a rencontré, lors de son passage, le président Ilham Aliyev a estimé à cette occasion que l’adhésion de Bakou serait « un outil pour moderniser et diversifier son économie tributaire du pétrole et du gaz« . La première phase des discussions sur le fonds (conditions tarifaires, accès aux marchés, restrictions, harmonisations, subventions à l’export…) en est à mi-parcours environ. Loin encore de la publication par le Groupe de travail d’un accord provisoire (« Draft Accession Package ») pouvant être soumis à l’assemblée des membres de l’OMC pour examen préalable et demande d’amendements éventuels.
Quant à l’Ouzbékistan, s’il en est au plan technique peu ou prou au même stade que l’Azerbaïdjan, le pays présidé par Shavkat Mirziyoyev entend bien accélérer le tempo. Après avoir déposé une demande en 1994, ce pays a, lui aussi, laissé le projet en jachère avant de le relancer fortement en juillet 2020. A l’occasion d’une récente réunion du Groupe de travail sur l’Ouzbékistan, Azizbek Urunov, représentant présidentiel spécial pour l’OMC, a indiqué que l’objectif du pays, désormais, était une accession en 2026, grâce aux avancées, selon lui, des négociations et aussi des importantes réformes économiques conduites dans le pays.
Lors de sa tournée régionale de début juin, Ngozi Okonjo-Iweala, s’est rendue à Tachkent les 5 et 6 juin dernier et y a rencontré le Président ouzbek Shavkat Mirziyoyev. Elle a, à cette occasion, selon un communiqué de l’OMC, « félicité le gouvernement ouzbek pour sa détermination et le travail considérable qu’il accomplissait pour faire avancer le processus d’accession, notant en particulier le décret présidentiel du 3 juin 2024, publié quelques heures avant son arrivée dans le pays« .
Pour rappel, loin, très loin, de l’Asie centrale, les prochains pays a formellement intégrer l’OMC (cette année sans doute) seront les Comores et Timor Leste, après que tous deux aient bouclé l’ensemble des négociations et réformes nécessaires avec succès. Depuis l’adhésion de l’Afghanistan le 29 juillet 2016, le compteur de l’OMC est resté coincé sur le nombre de 164.