Pour Moroni, l’objectif est celui d’une accession lors de la treizième Conférence ministérielle (CM13) de l’OMC qui se tiendra du 26 au 29 février 2024 à Abou Dhabi aux Émirats arabes unis. Dans cette optique, l’organisation dirigée par Ngozi Okonjo-Iweala et basée à Genève a tenu cette année plusieurs réunions du groupe de travail sur le sujet.
De source OMC, deux des trois principaux textes techniques relatifs à l’accession sont maintenant prêts pour être examinés par le groupe de travail, le dernier étant le rapport final de synthèse. Une fois approuvé, celui-ci permettra le vote des pays membres de l’OMC, une simple formalité, tous s’étant déclarés favorable à l’adhésion de l’archipel.
L’OMC, pour rappel, compte 164 membres qui pèsent 98% du commerce mondial. Au total, 25 pays négocient actuellement leur accession à l’organisation, avec hormis les Comores, le Timor Leste comme candidat très proche de l’étape finale.
Selon Omar Zniber, ambassadeur du Maroc à l’OMC et responsable politique du dossier d’adhésion des Comores qui s’est exprimé lors d’une réunion à Genève le 5 octobre dernier, « la volonté des Comores d’adopter les réformes législatives internes nécessaires pour mettre leur régime de commerce extérieur en conformité avec les règles de l’OMC [a] été la clé de voûte de cette accession« . A ce titre, il espère « que les autorités de Moroni poursuivraient ces efforts pour aller jusqu’au bout ». A noter que la négociation est conduite côté comorien par Ahmed Ali Bazi, Ministre de l’économie, de l’industrie et des investissements et négociateur en chef à l’OMC.
Les récentes réformes engagées concernent notamment le droit d’auteur et les procédures douanières.
Selon une tribune publiée dans le journal comorien Al-watwan par Sultan Chouzour, ambassadeur, représentant permanent du pays auprès de l’Office des Nations-Unies, il ne reste plus que deux conditions à remplir, « à savoir l’adoption du code des douanes (complété pour intégrer les dispositions manquantes par rapport à l’Accord de l’OMC sur l’évaluation en douane), et la présentation d’un plan d’action pour le démantèlement des droits et taxes perçus au cordon douanier (perceptions qui contreviennent aux règles de l’OMC). » Ces dispositions devraient être intégrées dans la Loi de Finances 2024.
Comptant parmi les pays les plus pauvres du monde, les Comores affichaient un PIB de 1,23 milliard de dollars en 2022, soit 1 347 dollars par habitant et par an. L’accession de l’OMC du pays présidé par Azali Assoumani vise à faciliter le développement des échanges de l’archipel dont la balance commerciale est très déficitaire. Ses exportations s’élèvent à seulement 54 millions de dollars pour des importations chiffrées à 348 millions de dollars.
Les principales destinations de ces exportations sont à 65% l’Union européenne, l’Inde et la Tanzanie. Les importations ayant pour source principale (43%) les Émirats arabes unis, une situation liée aux achats de produits pétroliers.
Le principal produit d’exportation de l’archipel reste, de longue date, le clou de girofle et les matières premières de parfumerie. Côté français, nos échanges sont structurellement excédentaires avec Moroni. En 2022, les exportations françaises vers les Comores, essentiellement des produits manufacturés et agro-alimentaires, s’élevaient à 33 millions d’euros, soit un recul de 29,7 %. En flux inverse, les importations françaises constituées à 79% en valeur d’huiles essentielles (girofle et ylang-ylang) ont, elles aussi diminué de manière importante (-40,6 %) à 3,8 millions d’euros.