Ce pays à faible revenu du sud-est asiatique de 1,34 million d’habitants, et où Bolloré a lourdement investi, veut diversifier son économie dépendante du pétrole offshore.
Les discussions s’accélèrent avec l’Organisation mondiale du commerce pour le Timor Leste. Indépendant de l’Indonésie depuis 20 ans après une domination sanglante, le pays au plus faible revenu d’Asie du sud-est est en discussion avec l’OMC depuis 2016. Plusieurs rounds de négociation se sont déroulés depuis, dont la quatrième réunion du Groupe de travail sur l’accession à Genève le 30 septembre dernier en présence de Joaquim Amaral, ministre Coordinateur des affaires économiques et négociateur en chef. La perspective du gouvernement de Taur Matan Ruak, Premier ministre depuis 2018 est désormais une accession avant fin 2023.
Pour cela, l’ex-colonie portugaise devra encore adapter sa législation sur différents points concernant l’accès au marché pour les marchandises et les services. Une cinquième round devrait se tenir début 2023. Il ouvrira la voie à l’acceptation par le Conseil général de l’OMC. A noter que le pays a aussi engagé un processus d’adhésion à l’Accord sur les technologies de l’information (ATI et ATI II).
Les responsables timorais veulent diversifier l’économie, dépendante du pétrole (90% du budget de l’Etat), une ressource en voie d’épuisement, et du tourisme, secteur qui a souffert de la Covid-19. Le PIB non pétrolier du pays s’élèvera en 2022 à 1,858 milliard de dollars et le revenu per capita à 1 357 dollars, selon le FMI qui estime la croissance cette année (hors pétrole) à 3,3%, après 1,5% en 2021 et une sévère récession de 8,6% en 2020.
D’un faible niveau, les investissements directs étrangers (IDE) se sont élevés à 75 millions de dollars en 2019 et 70 millions de dollars en 2020, selon une étude de Lloyds Bank. Le stock d’IDE se chiffrait lui à 468 millions de dollars en 2020, concentrés dans le pétrole. En dépit des efforts récents des pouvoirs publics, le climat des affaires est peu favorable (181è pays sur 190 dans le Doing Business de 2020). Le Timor est noté D par la Coface pour le risque pays et C pour l’environnement des affaires.
Ses échanges avec la France sont quasi nuls. En cumul, d’août 2021 à juillet 2022, les exportations françaises se sont élevées à 0,84 million d’euros et les importations à 0,14 million d’euros. A noter toutefois que Bolloré a lourdement investi dans le pays. Le groupe a mis en service ce mois d’octobre, le port en eau profonde de Tibar bay, près de la capitale Dili. Ce contrat en PPP d’une valeur de 430 millions d’euros sur trente ans avait été emporté en 2016, il comprend la construction et la gestion de l’infrastructure (630 m. de quai et 1 million d’EVP par an).
En termes économiques, le pays est fortement tourné vers l’Indonésie mais aussi l’Australie, partenaire clé : son pétrole offshore est surtout exploité par des opérateurs australiens. En juin, le Timor Leste a d’ailleurs conclu un accord bilatéral d’accès au marché avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande, prélude à son entrée à l’OMC. Plus récemment, le Timor s’est aussi rapproché de la Chine.
Les priorités du Plan stratégique du gouvernement à 2030 sont le pétrole, l’agroalimentaire, le bois, la pêche, la production agricole (élevage, café, vanille, épices…) et encore l’énergie et les infrastructures.
Le Timor a déposé depuis 2011 une demande d’adhésion à l’Asean, en vue ainsi d’accroître son intégration économique et commerciale régionale. Cette demande, elle aussi en phase finale, est fortement soutenue par l’Indonésie et la Thaïlande. Le Timor Leste espère que l’intégration à l’OMC accélèrera le processus. Dans les faits, la perspective est une intégration à l’Asean fin 2023 qui pourrait donc se faire conjointement avec celle dans l’OMC.