Chercher les valeurs et le sens, c’est le leitmotiv de David Sussmann, le Président de Seafoodia, une entreprise leader dans la vente et la distribution de produits de la mer. Basée à Marseille, l’entreprise connaît un succès grandissant avec plus de 180 Millions d’euros de CA, dans plus de 70 pays. David Sussmann veut aller plus loin, il a créé depuis 4 ans une fondation pour la préservation de l’océan : PURE OCEAN, entre entreprise à impact, développement du business… une nouvelle façon d’être entrepreneur…
Plus jeune, David Sussmann faisait déjà du durable et du responsable, comme Monsieur Jourdain fait de la prose … sans le savoir. « Je me suis toujours assuré de travailler avec des entreprises familiales, j’ai toujours voulu faire des produits que je mangerais tous les jours. Je suis convaincu que bien manger, de bons produits, a un impact sur la santé et le bien-être. Ce que je vends, je le donnerais tous les jours à manger à mes gamins et j’en suis fier. »
« On parlait à peine d’économie circulaire il y a 15 ans. Aujourd’hui on est passé à l’étape d’après. Je veux contribuer à faire modifier une industrie, qui en a grand besoin, nous avons choisi de faire partie des rares industries qui travaillent sur les 15 % de pêche durable et responsable dans le monde. On travaille sur de l’aquaculture …qui elle aussi est durable, nourrie avec les coproduits issus des déchets de notre production … On travaille avec des pêcheries et des usines familiales, qui sont à l’autre bout du monde, qui prennent des engagements et leur responsabilité. Implanté dans 7 pays dans le monde, Seafoodia a fait 85000 tonnes de produits cette année, c’est aussi une des rares entreprises à s’être spécialisée sur l’oméga 6 et l’oméga 3. La RSE comme une sorte de religion, un combat.
La fondation PURE OCEAN
Il y a 4 ans David Sussmann a créé « PURE OCEAN» une fondation qui rassemble une centaine de mécènes, entrepreneurs responsables. PURE OCEAN a levé plusieurs millions d’euros autour de 3 axes : le financement de programmes de recherche appliquée, la communication du message et des convictions, et enfin autour d’un programme de courses sportives « Ocean Race ».
L’océan c’est 70 % de la planète, c’est 93 % de la biodiversité, des formes de vie. Cela veut dire que nous les humains, les girafes, les fourmis nous ne représentons que 7 % des 250 000 espèces connues et que l’on estime qu’il y en a entre 2 et 5 millions à découvrir pour la plupart dans l’océan. On ne peut pas s’empêcher de penser que l’avenir de l’humanité, la lutte contre le réchauffement climatique, les meilleures solutions passeront par une meilleure connaissance des océans. C’est là que nous, entrepreneurs, nous devons avoir un impact et où nous devons accélérer la recherche.
« Un entrepreneur aujourd’hui se doit d’avoir une action RSE, de faire quelque chose pour la planète, qu’il soutienne WWF, Greenpeace ou PURE OCEAN, peu importe, il n’est pas possible de rester insensible et chaque entrepreneur porte aussi une responsabilité. »
Sur le 1er objectif de la fondation de financements des programmes de recherche appliquée dans le monde il a déjà des résultats. « Nous avons eu 161 réponses à l’appel à projets que nous avons lancé l’année dernière, émanant de 300 scientifiques de 40 pays. On en a financé 6, dans 6 pays, sur des projets complètement différents les uns des autres. »
« Au-delà des convictions, ce peut-être aussi une manne pour mon entreprise, Seafoodia. Parce que cela peut être de nouveaux produits, de meilleure qualité, de nouvelles façons de faire, de nouvelles sources de développement de business. Je suis rentré dans le monde de la cosmétique, je suis rentré dans le monde de l’industrie, je suis rentré dans le monde médical, jamais je n’aurais pensé cela il y a 10 ans. »
Pour David Sussmann c’est aussi une autre façon de communiquer. « On est rentré dans l’ère de l’ultra nature, type Mike Horn …. Il est aujourd’hui l’heure de donner du sens à ce que l’on fait. « Même au sein d’une course comme le Vendée Globe ce n’est pas nécessairement le premier qui gagne c’est celui qui a donné le plus de sens à sa course. »
La covid a tout accéléré
« La covid va accélérer les choses, beaucoup de gens ont évolué et c’est sans doute une prise de conscience massive sur le sujet qui est en train de s’opérer. »
Pour Seafoodia cette année Covid a été similaire à l’année précédente malgré la perte du marché de la RHF. « On maintient notre chiffre à 185 millions d’euros et surtout nous maintenons notre objectif de croissance à 2 chiffres, de 15% par an pour les prochaines années. Nous allons aussi investir dans l’entreposage ou des outils logistiques, sur des plateformes et des outils digitaux, alors que une grande partie de notre industrie travaille encore avec le stylo et le papier.»
Seafoodia est-elle devenue une entreprise à mission ? « Je l’ai pas mis de façon statutaire, je dis parfois que l’on a créé une P-Corp, c’est-à-dire une Planète Corporation, c’est-à-dire que j’ai mis le capital « Planète » au capital de ma boîte. »
« Je suis convaincu que dans 20 ou 30 ans le problème du réchauffement climatique et de notre rapport à notre environnement sera réglé, la prise de conscience est telle, qu’au train où vont les choses on va trouver des solutions. Et le fait que les entrepreneurs s’en emparent et non pas que les politiques, cela va aller très vite. »
« Je ne dis pas que nous n’aurons pas pris 2 degrés, je ne dis pas qu’il n’y aura pas eu de catastrophes mais je suis un entrepreneur optimiste qui pense qu’on aura réglé les dérives et trouvé des solutions. C’est comme si on était en guerre et moi je dis que cette guerre là, dans 30 ans elle sera réglée. Il y aura d’autres guerres, on ne sera plus dans les gafam, ce sera autre chose… Amazon ne pourra plus livrer comme il fait aujourd’hui. On ne pourra plus produire sans penser économie circulaire. On aura changé, et je pense que dans mon industrie ce sera profondément différent et c’est tant mieux »
L’Afrique en ligne de mire
Sur le développement de son secteur à l’international David Sussmann pense que le marché de demain c’est l’Afrique, loin devant l’Asie. « L’Asie c’est d’abord moins notre culture et surtout cela va être une guerre énorme entre l’Europe et l’Asie. Notre avenir est dans la relation nord-sud. Il y a énormément d’opportunités en Afrique et je vais surfer sur l’Afrique… »