L’électricité est un problème structurel auquel sont confrontés des millions d’Africains. 650 millions d’entre eux n’y ont pas accès. Il s’agit là d’un enjeu considérable pour les gouvernements et les exploitants d’énergie sur le continent. Nous avons rencontré Philippe Miquel, Président de Engie en Afrique du Nord et Conseiller du Commerce Extérieur de la France. Il dirige les activités d’Engie services de Engie pour l’Afrique, est basé à Casablanca et dirige 2 200 personnes dans une dizaine de pays.
Le premier métier de Engie est la production d’énergie par des centrales ou des parcs qui permettent de résoudre des problématiques de gouvernement. Très impliqué dans la production d’énergie renouvelable, Engie vient de signer un contrat d’achat d’électricité pour un parc éolien de 250 mégawatts en Égypte.
« Notre deuxième métier est celui de l’accès à l’énergie. On développe des kits solaires individuels, c’est à dire des petits réseaux pour alimenter des zones rurales. Enfin notre dernier métier est celui des services à l’énergie dans lequel on fait des travaux électriques sur des panneaux solaires en toiture, de la mobilité électrique … » explique Philippe Miquel.
50 % des Africains n’ont pas accès à l’électricité aujourd’hui
Pour le patron de Engie « services » en Afrique, l’énergie renouvelable est essentielle pour le développement de l’Afrique. «Près de 50% des africains n’ont aujourd’hui pas accès à l’électricité. L’Afrique a de réels avantages en matière d’énergie renouvelable notamment son climat dans les zones les plus chaudes, mais également, l’éolien dont le potentiel est très important à l’ouest de l’Afrique ou en Afrique du Sud. Aujourd’hui le renouvelable est indéniablement la technologie la moins chère pour produire de l’électricité. »
Si la tendance veut que la population africaine migre vers les grandes villes, il reste une Afrique rurale très importante et très mal connectée. L’enjeu est double : à la fois raccorder et produire une énergie compatible avec les enjeux climat, mais aussi de permettre aux populations de se fixer et ainsi réduire le fossé qui se creuse entre les villes et les zones rurales.
« Un de nos enjeux est la décentralisation de l’énergie. Je m’explique, on a été habitué à construire des grandes centrales pour alimenter des réseaux, pour alimenter des clients. Ce système centralisé est en train de s’inverser ! Aujourd’hui ce sont nos clients qui deviennent eux-mêmes producteurs de leur propre énergie » commente Philippe Miquel.
Trouver de nouveaux modèles d’affaires
Par exemple, on commercialise des kits solaires individuels qui permettent d’alimenter près de 4 000 000 de personnes en Afrique. Le plus intéressant est le mécanisme à travers lequel ils sont commercialisés : le paiement à l’utilisation via de le mobile money. « Le paiement se fait avec son téléphone à chaque fois qu’il y a une consommation. Cela permet à un logement d’être alimenté de façon individuelle, d’avoir une télévision, recharger son téléphone… C’est la traduction africaine de cette décentralisation de l’énergie. L’unité de production c’est la maison avec son panneau solaire qui alimente son propre son propre besoin » explique le Président de Engie en Afrique du Nord.
On dit souvent qu’il y a peu d’argent en Afrique, mais Philippe Miquel pense qu’il y a une confusion. « Quand on dit qu’il n’y a pas d’argent en Afrique c’est faux. Enormément de gens, d’investisseurs sont prêts à investir en Afrique et donc au contraire, il y a tout l’argent qu’on veut, ce n’est pas un problème de financement. En Afrique, le problème c’est de trouver un modèle d’affaires. Il faut donc travailler sur son modèle et le financement sera facile à trouver. »
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