Qui aurait dit la semaine dernière que nous allions rentrer dans une guerre ? C’est un avertissement incroyablement fort sur la capacité de certains dictateurs à oublier toute logique, et c’est cela le plus inquiétant. Le rôle du Président français sera essentiel dans les prochaines semaines.
A l’heure où les Ukrainiens s’organisent pour rentrer en résistance, à l’heure où les entreprises françaises en Ukraine cherchent à protéger leurs collaborateurs en essayant de les exfiltrer du pays, nous nous préparons à une guerre longue et meurtrière. Emmanuel Macron l’a annoncé dès le 1er jour, cette guerre sera longue. Tout comme en Irak ou en Afghanistan, les moyens mécanisés militaires ne permettent pas de vaincre une population engagée, et même si Kiev tombe, le peuple ukrainien ne sera pas vaincu pour autant.
Evidement personne ne va sortir gagnant de ce conflit et cette guerre ne pourra se gagner que sur le terrain de la communication. Il ne s’agit pas d’effacer les massacres de civils qui sont en train d’être perpétués mais le seul moyen de faire battre en retraite un mégalomaniaque sera de décrédibiliser ses arguments auprès de son peuple, mais surtout de sa garde rapprochée, de son commandement et de son armée. Sans le soutien total de l’armée, Poutine n’est rien.
Cette guerre de la Russie va marquer un tournant très fort dans les politiques en Europe et apporter le ciment qui manquait à notre vieux continent pour être capable de résister aux agressions potentielles qu’on imaginait plus possibles dans notre monde de bisounours.
Le retournement de la politique de l’Allemagne sur le sujet militaire est le signe d’un changement de mentalité et le premier pas vers une armée européenne. Avancer à marche forcée sur le sujet permettra de crédibiliser fortement une démarche européenne vers une sortie de conflit.
Reste à bien doser les sanctions annoncées sur la Russie qui peuvent conduire à l’escalade ou à la solution. Le vertige des sanctions par lesquelles chacun en rajoute une petite couche pour exister, pour montrer son soutien, peut empêcher de voir la sortie de crise, si elle existe.
Entre sanctions et diplomatie, entre livraison de matériel militaire et réponses aux bombardements, le chemin est étroit et difficile à trouver. Notre intérêt à tous est de le trouver et le rôle du Président français sera essentiel dans cette période. Garder le contact, crédibiliser son rôle d’intermédiaire et de chef de l’Europe, proposer des sanctions… toutes ses actions feront la différence auprès d’un Poutine qui va chaque jour s’isoler un peu plus.
Marc Hoffmeister