La France innove toujours plus. Près de 15 000 brevets et 113 070 nouvelles marques ont été déposés en 2021. En hausse respectivement de 3,1 % et 6,5 % par rapport à 2020 et en augmentation continue depuis quatre ans, les chiffres présentés par l’INPI, l’Institut national de la protection intellectuelle, le démontrent : La crise n’a pas freiné les projets de nos entrepreneurs. Un chiffre probablement à mettre en regard avec un nombre de créations d’entreprises également en hausse
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En effet, les dépôts de brevet sont un bon indicateur de la santé des entreprises, et leur nombre est aussi un témoin phare de l’économie. Près d’un million d’entreprises ont été créées en France en 2021 selon l’Insee.
Quelque 250 start-up « deeptech » (startups qui proposent des produits ou des services sur la base d’innovations de rupture) ont vu le jour en France l’année dernière, un chiffre en hausse de 26 % sur un an, selon un rapport de Bpifrance. En 2021, elles ont levé 375 millions d’euros auprès de la banque publique. La colonie grossit de jour en jour et espère incarner le futur industriel de la France. Pour Bpifrance, bras armé financier de l’État, qui veut amorcer la pompe et permettre ensuite à des fonds privés de prendre le relais « l’objectif est de créer 500 start-up deeptech par an à horizon 2024 et 10 licornes deeptech d’ici à 2025 .»
Malheureusement tout n’est pas gagné. Allouant péniblement 2,2 % de son PIB à la R&D, la France n’occupe que la 15e place de l’OCDE en la matière. Elle est dépassée par Israël, la Corée du Sud, l’Allemagne, les Etats-Unis, la Chine, la Finlande et même la Belgique. Cette stagnation est avant tout dû à un désengagement de l’Etat, dont le poids dans le financement de la R&D est passé en quarante ans de 54 % à 32 %, laissant aux entreprises la responsabilité d’assurer seules le financement de l’innovation. Un effort inchangé depuis vingt ans, quand nos principaux concurrents ont réussi à y allouer près d’un point de PIB supplémentaire sur la période. Le président de la République l’a reconnu lors de sa conférence de presse du 17 mars dernier : « Nous avons, ces dernières années, décroché dans nombre de secteurs car nous ne payons pas assez notre recherche. Nous devons aller beaucoup plus vite dans ce domaine ».
Parmi les solutions apportées , les mesures du Plan de Relance France 2030 et avant tout le soutien de la commande publique. Le constat est simple: l’Europe sait développer des technologies qui pourraient asseoir sa souveraineté, mais les start-up se heurtent souvent à un manque de contrats publics qui pourraient les aider à devenir des champions mondiaux. « Les Etats-Unis ont montré l’efficacité d’un nouveau modèle hybride avec d’un côté des « Venture Capitalist » qui apportent énormément d’argent pour financer des entrepreneurs avec des technos de rupture. De l’autre, une puissance publique qui irrigue l’écosystème de contrats généreux. »
Dans le cadre de France 2030, les différents ministères lancent donc des appels à projet:
- Un appel à projets doté de 50 millions d’euros (M€) pour « accompagner et soutenir la constitution d’entrepôts de données de santé hospitaliers » (EDS) va être lancé « très prochainement », a annoncé le ministre des solidarités et de la santé
- Un appel à projets de 250 M€ pour soutenir l’innovation et la recherche de la filière automobile et mobilité routière, et créer une offre souveraine de briques technologiques pour le véhicule du futur a été lancé. Le Comité d’Orientation pour la recherche automobile et mobilité (CORAM), instauré en mai 2020 dans le cadre du plan automobile, a déjà soutenu 48 projets lauréats, qui ont reçu plus de 345 millions d’euros d’aides représentent un investissement en R&D de près de 1,1 milliards d’euros.
- Le ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance, le ministère des Outre-mer, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le secrétariat général pour l’investissement ont annoncé l’appel à projets « Plan Innovation Outre-mer ». Doté d’environ 15 M€ il ambitionne de soutenir une dizaine de projets apportant de l’innovation liée à l’énergie renouvelable, l’économie circulaire, la résilience face au changement climatique et aux risques naturels, la préservation et valorisation des ressources naturelles, l’alimentation saine et durable et la valorisation des ressources humaines.
Ce ne sont que quelques exemples. Le plan France 2030 marque une rupture dans la philosophie française du soutien à l’innovation. D’abord par son ampleur: « Entre France 2030, le plan de relance et le PIA 4 (investissements d’avenir), on parle de 130 à 140 milliards d’euros » souligne le gouvernement. Ensuite, et surtout, par le caractère prioritaire donné aux start-up.