Basé sur plusieurs scénarios macroéconomiques, un rapport très détaillé du ministère du Travail et de France Stratégie (un centre de réflexion rattaché à Matignon) dressait récemment la liste des métiers présentant les besoins humains les plus élevés, assortie d’une projection des difficultés d’embauche à l’horizon 2030.
Au total, 37 secteurs et 83 métiers ont été étudiés. Première observation notoire : 800 000 postes seraient à pourvoir par an, d’ici 2030. A ces créations nettes s’ajouteront 7,4 millions de départs à la retraite sur la période. La somme des deux permet d’évaluer les besoins de recrutement : 760.000 en moyenne chaque année, 9 sur 10 étant liés au remplacement d’un senior.
A condition que pouvoirs publics, partenaires sociaux et régions orientent les budgets de formation des salariés ou des chômeurs vers les besoins des employeurs la perspective d’en finir avec le chômage de masse est à la portée du prochain quinquennat.
Ce rapport, qui tombe à pic, confirme que l’emploi va davantage se tourner vers les services aux entreprises, la santé et les services à la personne. La logistique va aussi connaître une inflexion plus favorable et la construction profiter de la rénovation énergétique. La part de l’emploi industriel dans le total devrait stagner à 10 %. Les services généraux de l’administration, eux, continueraient de se replier.
Parmi les dix métiers comptant le plus de postes à pourvoir d’ici 2030 se trouveraient ceux d’agent d’entretien (488.000), d’enseignant (328.000), d’infirmier et sage-femme (256.000) et d’ingénieur informatique (190.000).
Dans le reste du Top 15, figurent les cadres du bâtiment et des travaux publics, les ouvriers peu qualifiés de la manutention, les personnels d’études et de recherche, les médecins et assimilés, les techniciens des services administratifs, comptables, les techniciens/agents de maîtrise de la maintenance et les professions paramédicales.
Parmi les besoins recensés, certains métiers devraient accueillir particulièrement des profils débutants. C’est notamment le cas des vendeurs, des enseignants, des infirmiers, sages-femmes, des professionnels de l’action culturelle, sportive et surveillants et des professions paramédicales. Les jeunes entrants seraient également recherchés dans les métiers du soin, et de l’hôtellerie-restauration.
Pour deux métiers sur cinq, parmi lesquels ceux d’aide-soignant, d’ingénieur informaticien et d’ouvrier qualifié dans la métallurgie, les difficultés de recrutement actuelles sont appelées à perdurer. Pour d’autres, telles les aides à domicile, elles vont même augmenter en raison d’une faible attractivité. Elles s’atténueront, au contraire, pour les coiffeurs, esthéticiens et comptables.
Reste les professions qui ne rencontrent pas de difficultés actuellement, comme celle d’ouvrier qualifié de la manutention, mais qui pourraient y être bientôt confrontées en raison d’un nombre important de départs à la retraite sans assez de jeunes pour prendre la relève.
En effet si ces métiers recrutent autant, c’est principalement grâce aux départs à la retraite des personnes qui les occupent actuellement. Ils représentent environ 90 % des 800 000 postes. Par ailleurs, les postes étudiés dans ce classement, comptent un nombre de départs plus élevés que celui des créations d’emplois. Le métier qui recrute le plus et qui a le plus d’équilibre entre ces deux données est celui d’ingénieur et cadre technique de l’industrie : 75 000 postes seront d’ici 2030, pour 85 000 de départs à la retraite.
Ne pas bien équilibrer ces offres et ces demandes, c’est courir le risque que l’ajustement se fasse au détriment de la croissance et entrave la baisse du chômage », alertent les auteurs du rapport.
Les 15 métiers qui embaucheront le plus d’ici 2030
- Ingénieurs de l’informatique
- Infirmiers, sages-femmes
- Aides-soignants
- Cadres commerciaux et technico-commerciaux
- Aides à domicile
- Ouvriers qualifiés de la manutention
- Cadres des services administratifs, comptables et financiers
- Ingénieurs et cadres techniques de l’industrie
- Cadres du bâtiment et des travaux publics
- Ouvriers peu qualifiés de la manutention
- Personnels d’études et de recherche
- Médecins et assimilés
- Techniciens des services administratifs, comptables et financiers
- Techniciens et agents de maîtrise de la maintenance
- Professions paramédicales