Produire de « l’acier vert » n’est plus un oxymore. Le groupe sidérurgique ArcelorMittal a récemment présenté à Dunkerque son nouveau dispositif qui permet de capter le CO2 émis par sa propre activité industrielle. Le principe de cette unité pilote: récupérer le gaz des hauts-fourneaux, le faire entrer en contact dans un des cylindres d’une tour de 22 mètres (« colonne d’absorption et de régénération » ) avec un solvant DMX qui, grâce à une réaction chimique, va capturer le CO2. Cette démonstration, qui doit durer entre 12 et 18 mois, est la dernière étape avant le déploiement de la technologie à l’échelle industrielle. Dans l’immédiat, le « piège à carbone » expérimental doit permettre d’absorber 0,5 tonne de CO2 par heure. La fumée qui ressort est purifiée à 90%. Une fois fonctionnel, le dispositif pourra capter 150 tonnes de CO2 par heure, soit 1 million de tonnes par an dès 2025.
ArcelorMittal a prévu d’investir, avec le soutien de l’État, 1,7 milliards d’euros pour décarboner sa production d’acier. Les projets prévus à Dunkerque et Fos-sur-mer devraient permettre à eux seuls de réduire les émissions industrielles de CO2 de 10% en France. Mais le captage du CO2 n’est qu’une alternative de décarbonation privilégiée par le groupe. Il servira à traiter les fumées résiduelles lors de la fabrication de l’acier. Pour redorer l’image de sa production, ArcelorMittal mise surtout sur une augmentation drastique du recyclage d’acier usagé. Le groupe prévoit aussi d’utiliser, à partir de 2027, des fours électriques et une réaction avec de l’hydrogène pour réduire le minerai de fer, au lieu de hauts fourneaux fonctionnant au charbon.
A long terme, cette usine vise la fameuse « neutralité carbone » en 2050. En Europe, elle prévoit de réduire d’ici à 2030 ses émissions de 35%. Sur le plan mondial cette réduction s’estime à 25%.
Ce n’est qu’un début, pour produire de « l’acier vert », d’autres solutions existent. Capter le CO2 avant qu’il ne s’échappe des cheminées d’usine par exemple est encore plus efficace, mais se pose ensuite la question du stockage sous terre qui nécessite une énorme logistique qui fait que le captage de CO2 reste une technologie très coûteuse, qui est loin d’être la solution miracle.