Depuis 2013, le prix Energ’IAA récompense chaque année une entreprise exemplaire dans le domaine de la performance énergétique. Après la Cooperl (2019), La Normandise (2020) et Fleury Michon (2021), l’édition 2022 est venue récompenser la société Grain de Sail à Morlaix (29). Le trophée a été remis le 31 mars dernier des mains de Hervé Blanchet (EDF) et Stéphanie Perraut (Process Alimentaire).
Grain de Sail est née en 2010 à Morlaix, en Bretagne de la volonté de ses fondateurs, Jacques et Olivier Barreau, de décarboner le transport transatlantique. Cette société de commerce de café équitable, de chocolat et de vin porte le projet audacieux d’aller chercher du café et du chocolat à l’autre bout du monde et de transporter ses marchandises par voilier-cargo en limitant au maximum l’émission de CO2. Depuis novembre 2020, l’entreprise bretonne exploite son premier voilier-cargo transatlantique, et exporte ainsi deux fois par an des vins français vers New York, avant de ramener d’Amérique latine une partie des matières premières nécessaire à la production de café et de chocolat.
Le Grain de Sail est le premier voilier cargo moderne répondant aux normes de la Marine marchande. Il permet de réduire jusqu’à 97% ses émission de dioxyde de carbone. « On utilise un petit peu de gazole, en fait, pour quitter le port et pour faire l’accostage mais sinon, c’est un navire qui va naviguer exclusivement à la voile. A bord, on retrouve des micro-éoliennes de 400 watts chacune, mais également des plongeurs à l’arrière (des hélices qui fonctionnent dans l’eau et qui produisent de l’énergie) mais aussi des panneaux solaires qui ont été installés » explique Olivier Barreau qui tient à ce que le Grain de Sail ne voyage jamais à vide et compte ajouter bientôt à sa cargaison des huiles d’olives et du rhum.
Grain de Sail, le voilier de l’entreprise finistérienne est parti du port de Saint-Malo il y a quelques jours pour livrer plusieurs milliers de bouteilles de vin et de champagne (dont une cuvée spéciale réservée aux collectionneurs américains, déjà écoulée auprès des cavistes à raison de 600 dollars l’unité) à New-York. L’arrivée est prévue vers le 18 juin prochain. Le voilier sera de retour dans trois mois avec, dans sa cale, 35 tonnes de cacao et 2 tonnes de café du Pérou et de République dominicaine.
Aujourd’hui, la flotte de l’entreprise se résume à un navire supportant 50 tonnes de charge et à un équipage de trois marins mais n’étant pas suffisant pour couvrir l’ensemble des besoins, il sera bientôt rejoint par un voilier de 52 mètres, le GDS 2, avec une capacité de plus de 300 tonnes (contre 50 tonnes actuellement) et un équipage d’une dizaine de personnes. La commande de ce second voilier-cargo a été signée il y a quelques mois avec le chantier Piriou. « Il aura en plus une vitesse de croisière plus élevée qui va approcher d’ailleurs les 12 nœuds, ce qui correspond aux vitesses des navires cargos traditionnels », ajoute Jacques Barreau. Un projet qui devrait se concrétiser, comme la construction d’une nouvelle usine à Dunkerque, d’ici le début de l’année 2024.