Alors que les prix des carburants flambent à la pompe, le bioéthanol s’affiche encore, en moyenne, au prix imbattable de 0,75 euro le litre (0,66 euro un an plus tôt) et reste de loin le moins cher du marché. Sa consommation a bondi de 33 % l’année dernière, malgré la crise sanitaire. En parallèle, le réseau de distribution de bioéthanol s’est encore densifié en 2021, avec 2 725 stations, soit 420 de plus qu’en 2019. Cela représente 30 % de la couverture nationale.
Seule ombre au tableau, les modèles de voitures compatibles sans modification (des kits de conversion existent) avec ce carburant demeurent encore rares sur le marché français (Ford et Jaguar-Land Rover). Lancé en grande pompe en France en 2007, le bioéthanol n’avait jusqu’ici jamais vraiment réussi à y percer. La pénurie des énergies fossiles, le besoin de transition écologique, la guerre en Ukraine… les raisons aujourd’hui sont nombreuses pour expliquer ce revirement de situation.
C’est dans ce contexte de demande exponentielle que le groupe Veolia a annoncé récemment le lancement d’un projet de production de biocarburant à partir de pâte à papier à compter de 2024, en Finlande. Selon le géant de l’eau et des déchets français, il s’agit du « plus grand projet au monde de bioraffinerie produisant du biométhanol neutre en CO2 à partir d’une usine de production de pâte à papier ». Ce projet révèle un potentiel de production mondial de biométhanol d’environ 2 millions de tonnes par an, car il est « réplicable dans 80% des usines de pâte à papier dans le monde », ajoute Veolia. « Cette source alternative pour fabriquer des biocarburants est presque entièrement inexplorée à ce jour ».
En Finlande, la raffinerie de biométhanol, détenue et exploitée par Veolia, sera adjacente à l’usine Äänekoski de Metsä Fibre au centre de la Finlande. Elle aura une capacité de production de 12 000 tonnes de bio-méthanol et 1000 tonnes de bio-éthanol par an et permettra, en remplaçant les carburants fossiles dans les transports, de réduire les émissions de CO2 de 30 000 tonnes annuelles. Ce projet de produire un carburant sans émissions de gaz à effet de serre à partir de pâte à papier nécessitera un investissement de 50 millions d’euros financé en partie (9,4 millions d’euros) par le ministère finlandais de l’Economie et de l’emploi et le reste par Veolia qui en aura la propriété et l’exploitera. Selon Veolia, il s’agit du plus grand projet de bioraffinerie au monde. « La construction devrait démarrer cet été et se terminer début 2024.
La Finlande, la Suède, mais aussi l’Allemagne, l’Amérique du nord et le nord de la Chine sont des marchés potentiels. Veolia compte aussi sur la directive européenne REDII qui fixe des objectifs ambitieux de proportion de biocarburants pour trouver des marchés sur le Vieux continent. Mais les besoins en biocarburants sont tels qu’ils nécessiteront de trouver d’autres solutions technologiques.
Autre exemple de cette tendance forte, Maersk, le géant danois du transport maritime a de son coté annoncé le lancement en 2024 de son premier porte-conteneurs fonctionnant au biométhanol. En aout 2021, l’armateur danois numéro un mondial des opérateurs de porte-conteneurs et concurrent du français CMA CGM, a annoncé qu’il venait de commander huit navires capables de fonctionner au méthanol neutre en carbone, qui seront construits par le coréen Hyundai Heavy Industries (HHI) et auront une capacité de 16 000 conteneurs EVP (équivalent vingt pieds).