La société ghanéenne qui a déjà levé 40 millions de dollars depuis 2015 développe avec succès une plateforme de mise à disposition et de gestion de stocks de médicaments dans les officines et au delà.
Une présence dans cinq pays africains, une nouvelle levée de fonds à hauteur de 17 millions de dollars, des administrateurs de prestige, et ces derniers jours une campagne de distribution de 700 000 tests covid19… mPharma affiche un beau palmarès pour son âge. Cette société a été créée en 2013 par Gregory Rockson, un ghanéen trentenaire formé dans les université américaines et danoises et deux américains Dan Shoukimas et James Finucane.
Le centre de l’activité de mPharma, c’est la supply-chain des médicaments, avec l’objectif de la rendre plus efficace grâce au numérique. « Au Ghana comme dans de nombreux pays africains, la gestion de la distribution pharmaceutique est loin d’être optimale. L’état des stocks chez les fabricants, importateurs ou répartiteurs n’est souvent pas connu avec précision. Il est de même chez les pharmaciens où, de plus, les niveaux de trésorerie ne permettent pas d’avoir des stocks importants », explique « Greg » Rockson. Tout cela génère des surcoûts ou des ruptures dont pâtissent les patients ou le système sanitaire ».
Après avoir, dans une première phase de sa jeune histoire, tenter d’établir un lien électronique entre les médecins, les patients et les pharmaciens, mPharma s’est concentrée depuis deux ans sur l’amont de la supply chain. Avec pour effet de booster le développement de l’entreprise basée à Accra qui emploie 272 personnes.
Grâce à une plate-forme numérique, accessible sur mobile, mPharma fait le lien en temps réel entre le stock des officines ou de certains hôpitaux, ceux des grossistes ou distributeurs et les prescriptions des médecins. Elle offre aussi aux pharmacies un service de gestion de leur stock en mode SAS et va jusqu’à proposer des système de micro-financement pour fluidifier la trésorerie des officines.
Résultat plus de 200 pharmacies et une cinquantaine d’hôpitaux ou centres de santé, utilisent déjà les services de mPharma, rémunéré par une petite commission sur les transactions ou la location en mode SAS de ses logiciels. « L’aspect analyse de données est essentiel dans notre modèle. Nous connectons de façon croissante les praticiens, les pharmacies et hôpitaux et les sociétés d’assurance pour établir de façon dynamique, les besoins du système», indique Greg Rockson.
Achat d’un chaîne de pharmacies au Kenya
Distingué à plusieurs reprises par des concours internationaux, notamment en 2019 par un prix de la fondation californienne Skoll, mPharma a su séduire les investisseurs. Gregory Rockson et ses deux associés viennent de boucler, en mai, une levé de fonds à hauteur de 17 millions de dollars conduite, pour l’essentiel, par la banque de développement britannique CDC.
De quoi, depuis un premier tour de 2015, porter le total des fonds levés à 40 millions de dollars, avec parmi ses investisseurs de grands noms de la « tech » californienne, des « familiy office » du Sénégal, de Turquie, d’Italie et du Kenya ou encore la famille indienne Bharti Mittal (Airtel). Daniel Vasella, ancien patron de Novartis a, lui aussi, apporté son écot, tout comme Helena Foulkes, ex-PDG du géant américain de la santéCVS, devenue récemment administratrice.
Poussant l’aventure un peu plus, avec une volonté d’accélérer son internationalisation, mPharma a profité d’une opportunité et des connections d’une de ses investisseurs, Novastar Ventures, basé à Nairobi, pour racheter au fonds Fanisi en mars 2019, Haltons, une chaîne kényane d’une vingtaine de pharmacies, entamant ainsi une sorte d’intégration verticale. « Nous n’avons pas de dogme en matière de métiers, ainsi dans certains cas nous achetons les médicaments. L’important est d’améliorer le système de distribution sur le continent », note Greg Rockson.
Outre le Kenya, mPharma est présent avec ses plateformes numériques au Zimbabwe, en Namibie, au Nigeria et en Zambie, avec la volonté, grâce aux fonds levés cette année, d’accroître encore son empreinte géographique en sus du développement de sa plate-forme.
Pierre-Olivier Rouaud
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