La plupart des experts sont unanimes, l’Afrique devrait être le prochain Eldorado économique avec des taux de croissance importants et une population qui devrait doubler d’ici 2030.
La résilience du continent à l’épidémie de Covid 19 n’est pas totalement avérée, mais de nombreux pays ont réagi très vite et continuent à fermer leurs frontières pour se protéger. Résultat : la situation sanitaire, bien que sérieuse, n’est pas alarmante et certains pays comme le Sénégal vont même conserver une croissance positive en 2020, dans une économie internationale en pleine récession.
6 pays d’Afrique représentent 60% du PIB africain : en dehors de l’Afrique du Sud on retrouve principalement des pays pétroliers : Nigéria, Angola, Algérie … La croissance de ces pays pétroliers est battue en brèche par la crise COVID et ils sont tous en réflexion d’une diversification pour sortir d’un tout pétrole. 48 autres pays offrent une situation très différente, mais beaucoup tapent à la porte des pays en voie de développement à croissance positive.
Partout les besoins restent importants en matière d’agriculture, d’énergie, d’infrastructure, de santé et de développement digital.
L’Afrique, comme tous les pays à fort développement, est agitée de soubresauts politiques épisodiques qui n’ont pas forcément d’influence directe sur les affaires. On assiste à la fin de certaines dynasties d’oligarques. C’est le cas pour le Mali en ce moment, cela a été le cas en Algérie, pour le Gabon, pour la RDC… et d’autres devraient suivre dans les prochains mois ou années.
La position de la France et de l’Europe bien que très proactive sur l’Afrique est fragilisée, les critiques pleuvent et la situation malienne ou l’annonce de Ouattara pour un 3ème mandat en Côte d’Ivoire mettent Paris dans l’embarras.
La volonté de l’Afrique à se diriger elle-même et à prendre en main son destin est dorénavant un facteur extrêmement important dans les relations entre entreprises européennes et africaines. Les discours changent et le côté inclusif et l’investissement local sont dans toutes les bouches.
L’Afrique commence également à structurer son environnement économique en lui donnant un cadre avec la prochaine mise en place de l’accord de libre-échange panafricain : ZLECA. S’il est probablement plus une question d’affichage pour le moment il devrait être suivi dans les prochaines années d’une mise en place d’une vraie zone de libre-échange.
Sur l’Afrique de l’Ouest, le fait notable est la fin du Franc CFA au profit de l’ECO. On en parlait depuis tellement longtemps, mais cette fois-ci on y est, même si la crise du Covid va ralentir le calendrier. Cela va avec le renforcement du pouvoir de l’UEMOA (Union Économique et Monétaire ouest-africaine) et de son bras armé la banque BCEAO, dont l’indépendance et la gouvernance ne sont pas parfaitement établies et doivent évoluer pour assurer la stabilité de la nouvelle monnaie.
Tout cet espace monétaire se fait à l’ombre du grand frère Nigéria qui pour le moment ne souhaite pas rentrer dans l’union monétaire dont il serait pourtant l’incontestable leader.
Enfin, on ne peut pas faire ce tour d’horizon du contexte sans parler de la renégociation des accords de Cotonou entre l’Union Européenne et l’Union Africaine qui ont été repoussés à décembre 2020 et qui devrait connaître encore du retard. Les enjeux pour l’Europe sont importants, car la concurrence asiatique et américaine est forte. La Chine a gagné des marchés et des positions très importantes dans de nombreux pays africains, particulièrement dans les pays à fort revenus pétroliers et miniers. Cette implantation chinoise gène les entreprises européennes en leur faisant perdre des parts de marchés. C’est aujourd’hui l’Inde qui pousse à la porte …
La verticale prônée par Jean Louis Guigou Afrique-Méditerranée-Europe est plus que jamais d’actualité.
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