C’était une première sur le continent africain, les autorités nigérianes ont lancé le 25 octobre dernier eNaira, la monnaie fiduciaire numérique émise par la Banque centrale (MNBC). L’eNaira a été pensée comme une alternative aux cryptomonnaies. De valeur équivalente et complètement échangeable contre le Naira, cette cryptomonnaie d’Etat fonctionne comme un portefeuille contre lequel les clients peuvent détenir des fonds existants sur leur compte bancaire.
Le Nigeria, le pays le plus riche d’Afrique, comptant quelques 200 millions d’habitants, est le troisième pays au monde de cryptomonnaies en termes d’utilisateurs, après les Etats-Unis et la Russie. L’objectif de ce lancement était de repousser les limites du système de paiement et d’aider davantage les transactions financières pour tous. Si l’Afrique reste l’un des continents les moins bancarisés du monde, avec seulement 15 % de la population disposant d’un compte bancaire, les Africains sont en revanche très bien équipés en mobiles. Ces cryptomonnaies sont d’une part un futur moyen de paiement électronique sur smartphone amené à potentiellement compléter et non pas remplacer les pièces et les billets en circulation, elles ont d’autre part l’avantage de faciliter les transferts de fonds entre le pays et sa diaspora (et donc par exemple de donner aux utilisateurs le moyen de transférer de l’argent sans frais). Certaines estimations indiquent que l’adoption de la CBDC pourrait augmenter le PIB du Nigeria de 29 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années.
Contrairement aux cryptomonnaies qui échappent, elles, à tout contrôle des gouvernements et connaissent des inflations élevées, des pertes importantes et sont soupçonnées de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, l’eNaira devrait être moins volatile car soutenu par l’État. En cas de fluctuations du marché, la banque centrale interviendra et trouvera une solution durable à l’instabilité du marché. Toutefois pour le FMI, des risques subsistent et nécessitent une régulation internationale solide.
L’eNaira a encore du chemin à parcourir pour faire figure d’alternative crédible, mais l’adoption semble au rendez-vous avec plus de 500 000 téléchargements de l’application hébergeant le portefeuille numérique et l’équivalent de 150 000 dollars échangés en un mois.
Le continent africain se place aujourd’hui comme l’un des leaders mondiaux dans le domaine de la finance digitale et déjà les regards se tournent vers le Ghana, qui teste l’eCedi et pourrait être le prochain pays d’Afrique détenteur d’une monnaie numérique.