En octobre dernier, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a validé près de 187 millions de tonnes de crédits carbone au Gabon grâce à ses efforts en matière de conservation des forêts.
Longtemps négligé au profit de l’industrie du pétrole, le bois est devenu le sujet sur lequel l’économie gabonaise souhaite se tourner pour remplacer l’économie pétrolière. Le pays dépend en effet depuis des décennies du pétrole pour faire tourner son économie, mais ses réserves ne dureront pas éternellement. Le Gabon s’est donc tourné vers son autre ressource abondante, le bois issu de la forêt tropicale du bassin du Congo, dans le but de combler la différence une fois le pétrole épuisé, tout en la préservant. Le Gabon s’étend sur 22 millions d’hectares dont 85 % sont couverts par la forêt. On parle parfois même d' »Eden de l’Afrique ».
Le Gabon est le pays qui a enregistré la plus forte progression en matière d’industrialisation en Afrique centrale entre 2010 et 2021, selon le rapport de la BAD. Depuis quelques années le bois produit au Gabon est de plus en plus transformé sur place suite à la décision d’interdire l’exportation du bois sous forme de grume prise en 2010. La production a lieu dans la zone économique de Nkok, qui couvre une superficie de 1 390 hectares et est divisée en trois zones : industrielle, commerciale et résidentielle. Dans cette zone industrielle, se trouve un « cluster bois », là où est transformée la production du Gabon. Suite à une production de bois de plus en plus importante, un marché de meuble « made in Gabon » à vu le jour dans la zone commerciale.
À ce jour, le secteur a généré 8 000 emplois directs et 12000 emplois indirects. Avec 3,4 millions de m3 produits chaque année, le Gabon est devenu le premier producteur et exportateur africain de contreplaqués tropicaux, et le deuxième exportateur mondial. Il reste aussi l’un des principaux producteurs de pétrole du continent (26 % du PIB contre 2,3 % pour l’industrie du bois).
Le Gabon a tout de même adopté des règles strictes pour protéger la grande majorité de ses arbres. L’objectif est de trouver un équilibre entre les besoins de la nation et celui de la crise climatique. Les règles limitent l’exploitation forestière à seulement deux arbres par hectare tous les 25 ans.
Il y a quelques jours, le Medef International était en mission à Libreville en collaboration avec l’ambassade de France. Ils ont échangé autour du marché gabonais, des opportunités d’investissements. La mission a traité des enjeux suivants : le développement de la filière transformation du bois, le développement des services numériques et la structuration des filières des industries extractives (hydrocarbures et mines).
Les actions du Gabon semblent fonctionner, et poussent d’autres pays faire de même pour la protection de la forêt tropicale. Plusieurs pays du bassin du Congo se sont engagés à interdire les exportations de bois brut l’année prochaine et deux pays prévoient des complexes industriels visant à créer des emplois en transformant le bois localement.