Avoir une politique plus simple plus lisible qui fait mieux travailler les services de l’État et de ses partenaires, mais surtout une politique qui assume de travailler pleinement avec la société civile, les entrepreneurs, les artistes les sportifs … Une nouvelle relation décomplexée avec l’Afrique est au cœur du discours du Président de la République.
« J’ai pu parfois le constater à chacun de mes déplacements. La terre africaine est tout sauf une terre d’angoisse et de résignation. Elle est une terre d’optimisme et de volontarisme. Cette proximité, cette énergie doit nous inspirer et nous inciter à réaliser la force de notre atout d’être les voisins de l’Afrique »
Alors que le Président a entamé le 1er mars une tournée au Gabon et dans les deux Congos après 17 déplacements dans 21 pays en terre Africaine, Emmanuel Macron a dans son discours renversé la table marquant une profonde humilité tout en justifiant sa politique passée.
« Notre croissance économique aussi, à nous Européens, nos échanges, nos emplois vont dépendre de plus en plus de l’Afrique. Ce n’est ni une bonne, ni une mauvaise nouvelle, c’est un fait. Et tout dépendra de ce que nous en faisons. »
Pour Emmanuel Macron nous sommes à un moment de transition ou nous héritons des charges du passé, mais aussi un moment ou nous construisons ensemble un nouvel avenir.
Sur le plan politique et militaire Emmanuel Macron a rejeté la compétition qu’il juge obsolète et stérile. Il a annoncé une reconfiguration des bases militaires françaises pour les alléger et pour les transformer en base de formation locales, en unités de maintenance du matériel … « Elle suppose que nos partenaires africains formulent très clairement leurs besoins militaires et sécuritaires, qu’ensuite nous accrochions notre offre »
L’action de la France doit être visible
« Nous devons agir tous ensemble pour que l’action de la France soit lisible et pour que quand la France, quelle que soit l’entité, administrative ou entreprise, permet d’apporter des solutions concrètes qui permettent, dans un pays de répondre à un besoin de la jeunesse pour mieux éduquer, pour répondre à des problèmes énergétiques ou de transition climatique, pour répondre à des besoins sportifs. »
Emmanuel Macron a estimé que l’équipe de France était divisée, et donc peu lisible. Il prône pour cela un changement de méthode pour être plus concret, plus tangible.
Formation professionnelle, santé, climat, égalité femmes hommes, soutien à l’entrepreneuriat, la culture, le numérique seront les leitmotivs des 4 prochaines années.
« Dès cette année, un premier fonds de 40M€ sera mis à disposition de nos ambassades dans les pays d’Afrique francophone pour faire la démonstration que nous pouvons faire cette transformation et c’est la mission que je donne à nos ambassadrices et ambassadeurs, démontrer que notre partenariat est concret et piloté une communication offensive au fond décomplexée, mais sans arrogance. »
A travers un discours basé sur le fait de trouver des équilibres, le Président Français a jonglé entre le soutien fort à la démocratie, tout en prônant la non-ingérence.
Développement économique : changer de logiciel
Le Président s’est longuement attardé sur le partenariat économique renouvelé qu’il appelle de ses vœux en souhaitant être lucide.
« Nous sommes dans une position qui ne va pas dans la bonne direction, nous avons trop souvent eu une logique de rente dans notre rapport au continent africain, et que parce qu’on était la France, même quand on faisait mal, même quand on était plus cher que les copains, même quand les solutions de financement étaient moins bonnes, on allait continuer d’être pris. »
« L’Afrique est une terre de compétition économique aujourd’hui, je ne défendrai plus les entreprises qui ne sont pas prêtes à se battre et qui ne produisent pas le meilleur pour l’Afrique. »
Emmanuel Macron voudrait qu’il y ait un réveil du monde économique français. « Ce sont les patrons qui doivent y aller, quand il y a un grand contrat… et quand on prend un contrat, il doit être délivré en temps, en qualité… et s’il y a des problèmes, il faut qu’on puisse savoir très clairement d’où vient le problème ».
« D’autres pays qui étaient moins présents que nous, il y a quelques années… qui ne sont pas mieux armés que nous, sont en train de prendre des positions, simplement parce qu’ils prennent les pays africains au sérieux. »
Un véritable coup de pied dans la marre de ce que l’on appelle la vieille « France Afrique » avec une volonté de rajeunissement de nos acteurs économiques présents. Plus de PME, plus de startups technologiques. Le Président veut faire faire émerger une nouvelle génération d’entrepreneurs français, Franco-africains, pour faire émerger de nouvelles coopérations.
La co-industrialisation comme crédo
« Une nouvelle philosophie doit émerger, celle de la « CO industrialisation ». C’est le sens même du programme Pass Africa. »
« La France est forte de ses diasporas… Elle a aussi des réseaux d’entrepreneurs qui ont un pied sur le continent africain qui le connaissent, qui ont leur propre connexion… Elle doit simplement les mettre en capacité, les aider à déployer leur activité et leur réussite sur ce continent. »
« Je n’ai pour ma part aucune nostalgie vis-à-vis de la » Françe-Afrique », mais je ne veux pas laisser une absence ou un vide derrière elle. »
Le président a martelé plusieurs fois de suite « Nous avons un destin lié avec le continent africain. » Avec, estime-t-il, un continent qui sera l’un des marchés économiques les plus jeunes et dynamiques du monde, et qui sera l’un des grands foyers de la croissance mondiale dans les décennies qui viennent.