Le mois dernier, les prix du cacao ont quasiment atteint un niveau record. Une hausse que les chocolatiers et les industriels devront irrémédiablement répercuter prochainement sur le consommateur.
Ce produit génère en France chaque année plus de 3 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Les Français en mangent sept kilos par an, plaçant notre pays à la 6ᵉ place des plus gros consommateurs de chocolat du monde. Le prix d’achat du cacao en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, avait en effet été fixé à 900 francs CFA (1,3 euro) le kilo, à l’ouverture de la campagne cacaoyère 2022-2023. Il s’agit d’une hausse d’environ 10%, s’expliquant par plusieurs facteurs.
L’inflation découlant des chocs extérieurs est encore bien présente dans le monde, touchant en premier lieu les matières premières. En effet, le prix du cacao en Bourse a fortement grimpé. La matière première nécessaire pour la fabrication des barrettes, tablettes et autres desserts a vu son prix augmenter de 14% en 2022. Une hausse qui ne fait que commencer, début juin, la tonne de cacao s’échangeait à 3,180 dollars. Un chiffre très proche du record historique de 2016 lorsque la barre des 3, 400 dollars avait été franchie.
Outre le prix du cacao, qui pourrait atteindre un nouveau record historique en 2023, les industriels de l’agroalimentaire doivent faire face à une hausse généralisée des matières premières. Le prix du sucre, par exemple, a atteint son niveau le plus élevé depuis 2012 en avril 2023. Le sucre (principalement cultivé en Asie durement touchée par la sécheresse), s’échangeait à 24 centimes la livre, soit 24 centimes les 450 grammes. Le beurre de cacao coûte également plus cher. Les prix ont grimpé de plus de 20 % sur un an entre le premier semestre 2022 et le premier semestre 2023.
L’arrivée d’El Niño pourrait par ailleurs réduire la production. Ce phénomène météorologique devrait diminuer la quantité de pluie qui tombe sur l’Afrique, tout en apportant des vents violents. Or, c’est en Afrique de l’Ouest que la majorité du cacao est produit. Le Ghana et la Côte d’Ivoire représentent à eux seuls plus de 50% de la production mondiale. Une mauvaise météo sur ces deux pays aurait, de fait, des conséquences importantes sur le prix du cacao dans le monde.
Pour essayer d’organiser cette hausse, début juin s’est tenue une réunion sur l’industrie du cacao à Accra, à l’initiative de l’Organisation Internationale du Cacao (ICCO). Experts et spécialistes de la filière ainsi que les représentants des principaux producteurs africains, Côte d’Ivoire, Ghana, Cameroun et Nigeria étaient présents. Lors de cette réunion, l’objectif était de créer une bourse du cacao sur le continent africain. Cette initiative vise à révolutionner le contexte et les mécanismes de fixation du prix d’achat aux producteurs pour assurer des revenus durables à l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur et notamment des producteurs. Cette bourse se concentrerait sur les quatre gros producteurs africains que sont la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Cameroun, mais pour qu’elle fonctionne, il faut qu’elle attire les acheteurs, et sur de gros volumes, pour avoir des prix représentatifs. Un rapport sur le marché du cacao a parallèlement été édité à cette occasion.