D’après les chiffres de la direction générale du trésor français publiés en août dernier, les échanges commerciaux entre le Cameroun et la France ont connu une multiplication par quatre entre 2021 et 2022, atteignant 656 milliards de FCFA. Cette hausse, justifiée principalement grâce à une augmentation des ventes d’hydrocarbures, a permis au Cameroun de passer d’un déficit commercial à un excédent de 235 milliards de FCFA en 2022.
Presque négligeables en 2020 (avec seulement 65,6 millions de FCFA), les exportations ont connu une augmentation pour atteindre 26,8 milliards de FCFA en 2021, avant de connaître une expansion spectaculaire à 495,9 milliards de FCFA en 2022. Il s’agit majoritairement des ventes de pétrole brut et de gaz naturel liquéfié. Ces combustibles fossiles en particulier, ont joué un rôle majeur en contribuant à 96,5 % de l’augmentation totale de la valeur des exportations.
Cette évolution des exportations camerounaises pourrait être caractérisée par le fait que la France a vraisemblablement cherché à élargir ses sources d’approvisionnement en hydrocarbures en se tournant vers le Cameroun en réponse à l’embargo imposé à la Russie après son intervention en Ukraine. Sur place la société française Perenco occupe une place prépondérante dans la production d’hydrocarbures. Cette entreprise a assumé la majeure partie de la production de pétrole brut en 2020, de même que la quasi-totalité de la production de gaz naturel liquéfié et de gaz de pétrole liquéfié. Cette relation privilégiée entre la France et le Cameroun dans le secteur des hydrocarbures explique en partie la vigueur de la croissance des exportations.
D’autres secteurs participent également à la vitalité économique du pays. Les produits agricoles et sylvicoles, les produits agroalimentaires (+5,2 milliards), les produits métallurgiques et métalliques (+5,2 milliards), ainsi que le bois, le papier et le carton (+3,9 milliards).
Il y a un peu plus d’un an Emmanuel Macron se rendait au Cameroun pour tenter de relancer les liens entre les deux pays. Sur le plan économique, ces liens ont eu tendance à s’effilocher, la France perdant du terrain depuis plusieurs décennies au profit de la Chine (Pékin est notamment devenu incontournable dans l’attribution des grands contrats d’infrastructures), mais aussi de l’Inde. Au Cameroun, dans les années 1990, d’après les calculs de l’ambassade de France, les entreprises tricolores pesaient 40% de l’économie, elles n’en représentaient plus que 10% en 2021. Les bonnes nouvelles n’arrivant jamais seules, l’année dernière la France est devenue le premier fournisseur de blé au Cameroun. Avec des expéditions de 292 500 tonnes de blé vers Yaoundé pour un coût global de 78,6 milliards de FCFA, la France a dépassé la Russie, pays qui jusqu’ici contrôlait le marché de cette céréale au Cameroun.