La décision du Président Sénégalais a surpris tout le monde, y compris les cadres de son propre camp. Il s’en suit une séquence très sénégalaise, passionnée et rocambolesque qui inquiète la communauté internationale.
Le Sénégal a connu une croissance de plus de 5% en 2023 et devrait faire mieux en 2024 avec l’entrée en exploitation des gisements de gaz et pétrole qui ont pris beaucoup de retard. Une situation très favorable pour une passation de pouvoir, pour un Président Macky Sall qui a affiché sa décision de ne pas se représenter, un fait marquant dans la CDEAO très agitée de dirigeants autocrates multirécidivistes.
Le report des élections ne peut avoir qu’une seule cause : la non-performance de son poulain Amadou Ba et la non-confiance dans le débat démocratique Sénégalais pollué de longue date et entretenu par la mise à l’écart, voir la mise en prison des principaux opposants au régime.
Macky Sall se considérerait-il comme le dernier rempart en face de l’anarchie… c’est envisageable et il n’est pas impossible qu’il ait raison, mais la méthode est contestable et contestée, y compris par ses soutiens les plus forts qui démissionnent à tour de rôle de son gouvernement ou de son parti.
Que va-t-il se passer dans les jours à venir ? Peut-on verser dans un chaos de la rue alimenté par les extrêmes ?
Selon nos informations le Président aurait fait un aller-retour discret à Paris pour chercher conseils et appuis. Mauvaise idée, la politique africaine du Président Macron est catastrophique et ses explications vont être compliquées à entendre le côté français.
Peut-il se donner de l’air pendant les six mois à venir pour inverser la tendance ? Rien n’est moins sûr, car les revenus du Gaz ont déjà été largement hypothéqués par le gouvernement sénégalais auprès des bailleurs de fonds.
On attend aujourd’hui la position du grand khalife des Mourides, le chef des musulmans, très largement majoritaires au Sénégal. Pris par surprise, les autorités religieuses sénégalaises ne sont pas intervenues comme à leur habitude dans le débat. Toutefois, tous les grands conflits au Sénégal ont été réglés avec la parole et le soutien des religieux. On attend donc une prise de position qui est devenue, chaque jour qui passe, plus indispensable et qui sera diffusée de façon subtile lors de la prière dans les mosquées. Les Mourides étant par tradition modérés, la prise de position peut prendre du temps, car la situation n’est pas bien compréhensible. Il va donc falloir s’armer de patience.
Dans tous les cas, le taureau Macky Sall a raté sa sortie. Lui trouver une posture qui ne sera pas un déshonneur va être complexe. Une sortie par le haut pour le Sénégal est assez probable, il y a suffisamment d’élites influentes dans ce jeu politique ouvert pour que la situation trouve une solution.