La filiale agroalimentaire de groupe Castel mise sur la transformation locale dans la filière sucre et céréales
Pilier de la présence française en Afrique francophone dans l’agroalimentaire, Somdia qui affiche environ 700 millions d’euros de chiffre d’affaires sur le continent entre en phase d’accélération. Sous la houlette d’Olivier Parent, patron depuis septembre 2022, la filiale de Castel lance un plan de développement nommé « Cap 2027 », avec un engagement, pour 2024, chiffré à plus de 110 millions d’euros, y compris un investissement marqué en termes de formation et un soutien renforcé aux huit fondations du groupe, actives dans l’entrepreneuriat local, le développement durable, la santé et l’éducation.
Ce plan d’investissement est principalement centré sur la filière sucre et la transformation des céréales, y compris dans l’amont du secteur avicole, à savoir les activités principales de Somdia. Le groupe est, pour rappel, présent au plan industriel dans six pays d’Afrique centrale (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad) et d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Togo). Ceci avec des entreprises majeures comme la sucrerie Sucaf-CI en Côte d’Ivoire, la Société Générale des Moulins du Togo ou encore la Société Grand Moulin du Cameroun (SGMC).
Le nouveau programme d’investissement comprend notamment un développement accru de la filière sucrière sur le segment de l’alcool agricole. A ce titre, au Congo, un investissement de plus de 20 millions d’euros est engagé dans une unité de distillation implantée près de la sucrerie Saris (Société agricole de raffinage industriel du sucre).
Localisée près de Nkay, à mi-chemin entre Brazzaville et Pointe Noire, cette usine est détenue par Somdia à 65% au côté de l’État (34%) et produit 70 000 tonnes de sucre par an. La nouvelle filiale nommée Distillerie du Congo pourra y distiller, l’an prochain, 6 millions de litres par an d’éthanol agricole extra neutre à partir de la fermentation de 25 000 tonnes de mélasse.
En Côte d’Ivoire, une autre unité de distillation du même type, mais de 12 millions de litres d’éthanol celle-là, est par ailleurs prévue chez Sucaf-CI sur le site agro-industriel de Ferkessédougou dans le nord du pays.
A ces projets dans la filière sucre, s’ajoute l’investissement dans deux usines de transformation du maïs, l’une en Côte d’Ivoire et l’autre au Bénin, un pays d’où Somdia est absent. Prévus depuis plusieurs années, ces projets ont été retardés par la Covid, ainsi concernant le Bénin que par un désaccord fiscal avec les pouvoirs publics. L’investissement dans les maïseries cumule 15 millions d’euros à parité entre la Côte d’Ivoire et le Bénin pour une capacité de transformation unitaire de 15 000 tonnes par an. Ces projets prolongent divers investissements déjà réalisés ces dernières années.
Au Cameroun, en 2019, la filiale Compagnie fermière camerounaise, avait ainsi lancé un projet similaire de maïserie à Mbankomo et une ferme de poussins d’un jour à Mbandjock localités situées respectivement au sud et au nord de Yaoundé. L’année suivante, le groupe avait ouvert au Congo, la société Grand Moulin du Phare (GMP), un complexe industriel situé à Pointe Noire fabricant de la farine de blé, divers produits issus du maïs, des aliments pour volaille et comprenant aussi un couvoir.
A noter qu’en dépit de ces projets, plusieurs articles de presse ont fait état en 2023 de la volonté du groupe Castel de céder ses filiales meunières en Afrique. Sans confirmation à ce jour. Née au sein du groupe Grands Moulins de Paris dans les années soixante-dix, Somdia a longtemps été conduite par la famille Vilgrain qui possédait le minotier parisien. Après sa cession à Bouygues en 1989, la famille Vilgrain avait conservé les activités africaines avant de revendre Somdia au géant des vins et des boissons Castel, lui-même très présent sur le continent. Alexandre Vilgrain, qui dirigea longtemps le groupe, a passé la main à Olivier Parent en 2022.
Les investissements de Somdia s’inscrivent dans un contexte plutôt favorable : de nombreux États africains ont érigé en priorité la production nationale et le retour à une plus grande souveraineté alimentaire. Dans les faits, ces stratégies sont toutefois complexes à matérialiser, du fait de la concurrence des produits internationaux, souvent moins chers, qui mettent à mal les filières de transformation, comme c’est le cas depuis des années dans les activités sucrières.